Introduction
Article écrit pendant le covid et mis à jour en 2024
Ce lundi, je me lève pour me remettre doucement dans les activités "panache" après 4 semaines où j'ai coupé : respirer, jouer, marcher, choper une angine, être testé négatif, nager, rire, danser, choper un rhume, être testé négatif, cuisiner, lire, me faire vacciner 2 fois, obtenir 50 QR codes, et ne rien faire.
Pas mal de "rien" d'ailleurs.
J'avais envie de vide, car je me sentais moi-même vidé.
C'est chouette le vide pour se remplir.
Donc, lundi je me lève (et je te bouscule, tu ne te réveilles pas), et je partage un peu partout sur mes réseaux les prochaines formations qu'on organise pour cette rentrée.
Dans la foulée je reçois un message d'une amie qui m'écrit :

Rationnellement et factuellement, c'est un message avec plein de bonnes intentions. La précision du "on en parle avec bienveillance" accouplé à un émoji-sourire + un "baby" qui se veut protecteur, est clairement là pour favoriser un échange constructif et sans aucun jugement de ma personne.
Pourtant, j'ai eu le sentiment d'être jugé et j'ai rapidement cherché à me défendre :
"Oui enfin tu sais, "Obama" c'est pour Michelle ET Barack. Mais pour "Joue-la comme Steve Jobs" c'est du temporaire car on ne trouvait pas un nom de couple d'entrepreneurs mondialement connu pour leurs performances oratoires blablabla laisse-moi-me-noyer-dans-mes-justifications..."
[Edit : depuis 2022, tous les noms de nos formations ont changé].
En d'autres termes, je n'ai pas accepté la critique.
Et je ne pense pas être le seul qui peut nourrir de la rancune et de l'aigreur après un feedback qui se voulait aidant.
Si c'est aussi ton cas, je te rassure nous sommes parfaitement normal.
Nous avons toutes et tous besoin de nous sentir aimé.e, mais aussi de critiquer, de faire des reproches, de corriger les autres... parce que nous sommes habitués à nos propres chemins mentaux. Et si les autres ne partagent pas notre conception, ne suivent pas la même conduite que nous, c'est qu'ils sont dans l'erreur.
Aide les autres à changer sans qu'ils se sentent critiqués
Dès lors qu'on vit en société, on a besoin de s'identifier à des références, à des positions, à des valeurs, qui vont nous permettre de nous affirmer dans la société et nous distinguer par rapport aux autres.
Par ailleurs, nous avons toutes et tous des croyances.
Sur nous-même, sur le monde qui nous entoure, sur les sciences, sur la géopolitique, sur les vaccins, sur le lait avant ou après les céréales...
Et le propre de la croyance, c'est qu'elle ne se vit pas, ne s'éprouve pas comme une croyance.
Mais comme une vérité tout simplement.
Par exemple, si tu penses qu'il ne faut pas rester assis.e à table lorsque les autres sont en train de nettoyer, ranger, faire la vaisselle. Tu ne vas pas dire : "Je crois qu'il ne faut pas rester assis lorsque les autres s'activent pour ranger". Tu vas l'affirmer : "On ne doit pas rester assis, alors lève tes fesses de là !"
En l'affirmant de cette façon, tu estimes que c'est une vérité.
Du moins, ta vérité.
C'est parce que nous nous sommes identifiés à nos croyances, à nos chemins mentaux, que nous avons ce désir naturel de les imposer aux autres, de blâmer, de critiquer, de faire des reproches à celles et ceux qui ne vont pas suivre la conduite qu'on défend.
Mais là tu vas me dire : "Oui euh, mais Julien euh, critiquer, faire savoir qu'on n'est pas d'accord, corriger l'autre... ce n'est pas juger la personne hein. Une critique constructive permet d'avancer et motiver les autres à mettre le lait APRÈS les céréales".
Et je te répondrais que tu as raison.
Le lait se met APRÈS.
Mais le problème n'est pas de savoir si la critique est personnelle, si la critique est un jugement.
Le problème est de savoir comment la critique est reçue.
Et la critique est toujours reçue comme un jugement.
Nous avons toutes et tous la même maladie : nous sommes allergiques au jugement. Parce que lorsqu'on entend une critique, on n'entend pas une critique rationnelle et objective. On entend une attaque personnelle.
Car, simplement, nous avons toutes et tous un égo, un orgueil, qui est un élément défensif de notre personnalité. Il nous fait réagir à ce qu'on considère comme des agressions.
L'ego, c’est une espèce de bouclier intérieur qui, en premier rôle, nous aide à survivre, nous défendre... Donc, il réagit face à la critique.
Pas de bol (de céréales), nous sommes toutes et tous des hypersensibles du jugement.
Même avec le célèbre "Oui, mais quand je te fais une critique, il ne faut pas le prendre personnellement, je n'ai pas l'intention de te juger"... il n'y a rien à faire, ça ne marche pas !
On se sent agressé.e parce que c'est un réflexe défensif, automatique.
Lorsqu'on entend un message, critique ou pas, il circule dans les 3 zones de notre cerveau suivant cet ordre :
1- Cerveau reptilien : qui recherche la survie et la sécurité.
2- Cerveau limbique : qui recherche le plaisir, c'est le siège de l'affection et des émotions.
3- Cerveau néocortex : qui recherche la rationalité pour prendre du recul sur nos émotions.

Le cerveau reptilien est donc le premier sollicité face à la critique.
Et inconsciemment, la critique nous ramène au risque du rejet. Au risque d'être écarté du groupe.
Or, nous recherchons toutes et tous la validation du groupe : désir de reconnaissance, être aimé.e, être admiré.e... Car du groupe, dépend notre survie individuelle.
Voilà pourquoi, pour bien vendre un produit, il convient de s'adresser aux émotions du client, et non pas seulement aux arguments commerciaux : lui vendre du rêve, du bien-être, de la projection mentale. Les publicitaires l'ont bien compris, alors utilisez ce pouvoir pour des causes nobles (lire l'article sur la puissance des émotions)
En somme, nous sommes largement gouvernés, conditionnés, par nos émotions.
À chaque fois que tu dis à quelqu'un :
"Tu devrais arrêter ça / faire comme ça / changer ça, parce que [insére ici des arguments rationnels et logiques]..."
La seule réaction que tu vas obtenir est celle de l'ego, celle de la défense. Et la désagréable sensation d'être infantilisé.e.
Pointer les défauts chez l'autre, n'aide pas l'autre à corriger ces défauts.
Car tout simplement on ne considère pas qu'on n'a pas à changer pour quelqu'un qui nous fait des reproches.
Restes bienveillant
La base des relations humaines et sociales, c’est la confiance.
Et la confiance ne peut s'obtenir que lorsque la personne en face de nous dégage suffisamment de bienveillance pour lui faire confiance.
Juste pour le plaisir, regarde dans cet extrait toute la bienveillance que dégage Emma Watson pour aider une journaliste à effacer une marque de stylo sur son visage.
Au lieu d'un facile :"Tu as du stylo sur le visage" qui créera sûrement embarras et gêne. Elle se met à son niveau avec un "Je suis sûre que tu ferais la même chose que moi" et se met elle-même en action pour l'aider.
Bienveillance, gentillesse et empathie.
Emma si tu me lis, j'adorerais partager un bol de granola avec toi.
En communication, il est important de toujours utiliser des tournures de phrases positives quand on s'adresse à l'autre (lire l'article sur le choix des mots en fonction des messages à faire passer).
Parce que même si ce que tu dis à l'intérieur d'une phrase négative est gentil, bienveillant, ce que va entendre la personne, ça sera la négation. C'est donc sa partie émotionnelle qui sera touchée avant la partie rationnelle.
Exemple de phrases négatives se voulant bienveillantes :
- Tu n'as aucune raison de t'inquiéter
- N'aie pas peur
- N'hésite pas à nous contacter
- Pas d'problème !
- Pas d'soucis !
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Alors oui, tout le monde sait que derrière ces tournures de phrases négatives, il y a des intentions positives. Sauf qu'à chaque fois que tu prononces ces mots, tu les fais exister dans ton cerveau, et celui des autres.
Si je te dis : "Ne pense pas à une plage de sable blanc avec une noix de coco de 10m de diamètre", il y a de grandes chances que ton cerveau vienne de la visualiser...
Dire à quelqu'un "Ne t'inquiète pas", c'est lui rappeler qu'au fond de lui, il est inquiet.
Il ne sert absolument à rien de vouloir inverser la hiérarchie émotion | raison.
Tout simplement parce que nous ne sommes pas des machines logiques.
Nous sommes des machines émotionnelles dotées d'une fonction logique.
Si tu veux avoir une réelle influence sur les autres, il ne sert à rien de les critiquer, les condamner ou les juger. Tout ce que tu obtiendras est l'effet totalement inverse.
Il est plus efficace pour convaincre ou influencer quelqu'un :
- De t'attarder sur ce que tu apprécies chez cette personne
- De t'attarder sur ces qualités
- De la valoriser sincèrement
- D'être à l'écoute de cette personne
- De formuler des phrases positives : "Rassure-toi nous allons trouver une solution ensemble" plutôt que "Ne t'inquiète pas, nous allons résoudre ton problème"
- D'essayer de comprendre pourquoi elle pense comme ça. Pourquoi elle agit comme ça.
Parce que derrière chaque manière de penser, il y a des raisons de penser ainsi.
Derrière chaque manière d'agir, il y a des raisons d'agir ainsi.
On ne peut pas effacer toutes les raisons qui poussent quelqu'un à penser ou agir d'une certaine manière en appuyant juste sur un bouton. Simplement en formulant une critique.
"Tu devrais arrêter de manger chez McDo tu sais, c'est mauvais pour ta santé et la planète."
"Ah oui j'avoue, allez j'arrête, je file faire un potager !"
...
On n’amène pas l'autre à se remettre en cause par la confrontation.
On amène l'autre à se remettre en cause en lui donnant l'envie et en lui créant les conditions de la remise en cause.
La remise en cause de soi est un phénomène naturel dès lors qu'on se sent dans un climat de confiance et de sécurité.
Fais le test toi-même. Dis un vrai compliment à quelqu'un. Tu verras, cette personne va souvent minimiser ce compliment.
Et finalement tu arrives à ce paradoxe : c'est en faisant des compliments à quelqu'un que tu vas l'amener à reconnaître ses défauts.
On agit et on pense par rapport aux motivations que l'on a à agir et à penser.
Si tu souhaites aider ton prochain, ne le juge pas.
Insuffle-lui la motivation et l'envie de s'améliorer.
Conclusion
La critique, bien qu’incontournable dans nos interactions, reste un art délicat à maîtriser, notamment en prise de parole. Comprendre que nos réactions face au jugement sont guidées par nos émotions et notre ego permet d’aborder cette dynamique avec plus de bienveillance et de stratégie.
En favorisant un discours positif et constructif, tu peux créer un climat de confiance où chacun se sent valorisé, écouté et prêt à évoluer.
Rappelle-toi : on influence et on aide les autres en montrant l’exemple, en valorisant leurs forces et en les guidant avec des suggestions concrètes et respectueuses.
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Julien de Sousa et toute l'équipe de Panache.
Aller plus loin
Voici les réponses aux questions qui nous reviennent le plus. Si tu en as d'autres, entre en contact avec nous pour en savoir encore plus.
Une critique bienveillante est essentielle parce qu’elle te permet de te sentir en confiance, ce qui est indispensable pour progresser. Elle t’aide à identifier tes points forts, ce qui renforce ta motivation, tout en te montrant des axes d’amélioration de manière constructive.
Par exemple, si quelqu’un souligne la clarté de ton discours tout en te suggérant d’améliorer ta gestuelle, tu recevras ces remarques comme des encouragements et non comme des attaques. Sans bienveillance, la critique peut être perçue comme une remise en question personnelle, freinant tes progrès.
Pour structurer une critique constructive, suis ces étapes :
- Commence par un retour positif : mets en avant un aspect réussi, comme la clarté des idées ou la qualité des exemples. Cela permet de mettre ton interlocuteur dans un état d’esprit réceptif.
- Formule des pistes d’amélioration spécifiques : évite les remarques générales ou floues. Par exemple, dis : "En variant davantage le rythme de ta voix, tu rendras ton discours encore plus captivant." au lieu de "C’était monotone."
- Propose des solutions concrètes : au lieu de dire ce qui ne va pas, montre comment faire mieux. Par exemple : "En introduisant une anecdote en début de discours, tu accrocheras l’attention de ton public."
- Termine sur un encouragement : cela laisse une impression positive et motive ton interlocuteur à appliquer tes conseils.
Une critique constructive doit toujours chercher à encourager la personne à progresser plutôt qu’à souligner ses erreurs.
Pour éviter que tes critiques soient perçues comme des jugements lors d’une prise de parole, change ton approche et ta manière de communiquer pour privilégier l’écoute et la bienveillance. Voici comment :
- Pose des questions au lieu d’imposer une opinion : plutôt que d’énoncer une critique directement, demande à ton interlocuteur comment il a ressenti sa propre performance. Par exemple : "Comment as-tu vécu ton discours ? Y a-t-il des moments où tu t’es senti moins à l’aise ?" Cela ouvre la discussion sans confrontation.
- Parle de tes propres perceptions : utilise des phrases comme "J’ai eu l’impression que..." ou "De mon point de vue...". Cela montre que ton retour est subjectif et non une vérité absolue. Par exemple : "J’ai eu l’impression que certaines pauses étaient un peu rapides, mais peut-être que cela dépend de ton intention."
- Focalise-toi sur le comportement, pas sur la personne : évite de dire "Tu n’es pas clair" et préfère "Certains points mériteraient d’être mieux expliqués." Cela met l’accent sur l’action à améliorer, pas sur une critique de l’individu.
- Observe les émotions et adapte ton discours : si ton interlocuteur montre des signes de malaise, ajuste ton ton et ta formulation. Par exemple, préfère un retour plus empathique : "Je sais que ce n’est pas évident de parler devant un public, mais je pense que tu as beaucoup de potentiel à exploiter."
- Rappelle ton intention positive : dis clairement que ton but est d’aider. Par exemple : "Mon objectif est de te donner des pistes pour que tu puisses encore mieux captiver ton public. Tu es déjà sur la bonne voie !"
En créant un dialogue basé sur le respect et l’ouverture, tu transformeras tes critiques en opportunités de croissance, plutôt qu’en ressentiment ou rejet.
Critiquer les autres est souvent un réflexe inconscient. Cela vient du fait que nous interprétons le monde à travers nos propres croyances, habitudes et attentes. Quand quelqu’un agit ou s’exprime différemment, notre ego peut percevoir cela comme une "anomalie" ou une erreur à corriger.
Lorsqu'on s'exprime, cela se traduit par des commentaires spontanés, comme : "Tu ne devrais pas faire ça." Ces remarques reflètent souvent davantage nos propres préjugés plutôt que de véritables problèmes dans la manière dont l'autre agit.
Pour éviter cela, prends du recul avant de formuler une critique. Pose-toi ces questions :
- Est-ce réellement un point à améliorer ou juste une différence de style ?
- Comment puis-je présenter cela de manière constructive pour aider plutôt que juger ?
Reconnaître ce réflexe te permet de transformer la critique en un outil de progression respectueux et efficace.