Introduction
Combien de fois t’es-tu refait le film d’une discussion en rentrant chez toi et en te disant : “Voilà ce que j’aurais dû dire !” car sur le moment, tu ne savais pas quoi rétorquer. Tu n’avais pas la bonne réplique. La punchline qui tue (d’ailleurs voici un article dédié pour apprendre à créer des punchlines).
Et c’est normal, car tu n’es pas une bibliothèque ambulante qui peut dégainer ses meilleures réponses aussi vite que Lucky Luke dégaine son colt. Ou un ingénieur qui dégaine son powerpoint.
Apprendre les techniques de persuasion et maîtriser l'art de convaincre un décisionnaire peut réellement changer la donne dans toutes tes interactions.
Que ce soit en réunion d’équipe, en phase de questions/réponses après une présentation, ou même à un classique repas de famille avec tonton Dominique le climatosceptique, tu auras toujours des opposants, des détracteurs, des opinions à l’inverse des tiennes.
Surtout qu’en France, on adore se faire l’avocat du diable, par amour du débat et de la joute.
Du coup, un dîner entre collègues peut très vite ressembler à ça :
- “Je pense qu’il faudrait surtout remettre l’ISF au lieu de faire des économies sur les aides sociales. J’te serre ?”
- "Et puis les élections, c'est toujours truquées ! T'as un tire-bouchon ?"
- "Nan mais en vrai cette loi ça peut être pas mal quand même ! Du poulet ou du pigeon ?"
- "Oh ça va, la planète se réchauffe à peine, regarde j'ai mon écharpe ! Tiens rajoute une bûche dans la cheminée."
- "C'est fou quand même que la patronne se tape son stagiaire ! Bon alors, l'aile ou la cuisse ?"
- "Mais du coup sans les supporters dans les stades, comment les clubs paient les salaires exorbitants des footballeurs ?! Une aile de pigeon merci."
- "Qui reveut des pommes dauphine ?"
C'est quoi une question délicate ?
C'est ce moment où :
- Quelqu'un remet en question ta crédibilité :
"Mouais, j'y crois pas trop, ça ne marchera jamais."
> on attaque ta compétence.
- Quelqu'un cherche à te déstabiliser :
"Donc, toi, tu préfères sauver les réfugiés que nos SDF en fait ?"
> on attaque ton caractère.
- Quelqu'un te surprend avec une question sortie de nulle part :
"Et donc il paraîtrait que ta sœur a fait de la prison car..."
> on attaque ton intimité.
Les situations sont uniques et on peut se permettre certaines libertés selon notre interlocuteur. Mais le résultat est le même à chaque fois : une attaque qui amène une surprise, une surprise qui amène à la panique, une panique qui amène à perdre sa confiance dans sa réponse. Difficile d’être réactif dans ces cas-là.
Qu’il s’agisse d’une question indiscrète au cours d’un repas de famille ou d’une question piège au cours d’un entretien pro pour juger du niveau de confiance en soi, combien de fois s’est-on dit avec le recul : « Et voilà, j’aurais dû répliquer ça ».
Alors, si toi aussi, tu as l’art de toujours trouver le bon mot (beaucoup) trop tard, bonne nouvelle : avoir de la répartie et répondre du tac au tac, ça se travaille.
Avoir le sens de la répartie : nos tips pour reprendre confiance en soi
La répartie, c’est quoi exactement ? On pourrait comparer ça à un ping-pong verbal qui demande rapidité, agilité et une bonne dose de confiance en soi.
Avoir de la répartie, c’est savoir répondre du tac au tac, même si tu te retrouves dans un état émotionnel compliqué, ce qui est souvent le cas face à une question déstabilisante ou une pique cinglante. C’est aussi un excellent moyen de développer son assertivité, indispensable pour prendre la parole en public avec aisance et confiance.
Pour certaines personnes, l’art de la répartie semble être inné. Tu sais, ce genre de personne pleine de charisme qui n’a aucun problème pour prendre la parole en public et qui sort toujours les meilleures punchlines au bon moment pour faire rire, s’affirmer dans une conversation ou clouer le bec d’un interlocuteur bien bien énervant (le relou oui).
Tu rêves d’être cette personne ? De crouler sous les compliments sur ton aisance à l’oral et ton esprit vif et réactif ? Adieu malaises et bafouillements !
Bon, il n’y a pas de miracle, mais l’art de la répartie, ça s’apprend. Travailler sur la communication efficace et avoir une répartie bien aiguisée, ça se prépare, d'ailleurs nos formations en rhétorique sont là pour t’apprendre à être plus à l'aise à l'oral et avoir de la répartie.
Pour t’aider à répondre rapidement la prochaine fois que tu es dans une situation délicate, voici quelques exercices à pratiquer en amont et des techniques efficaces à appliquer pendant la conversation :
1- Bien te préparer
C'est tellement évident que peu de gens le font. Et une bonne préparation permet une bonne gestion du stress le moment venu pour être à l’aise et ne pas perdre ses moyens.
Si tu sais que ton interlocuteur risque de venir te titiller ou t’attaquer, alors essaye d’anticiper un maximum.
En rhétorique, on appelle ça la technique du Dissoï Logoï. C'est un exercice qui consiste à défendre la thèse de notre opposant avec la même ferveur. Alors à toi de te préparer aux pires questions / objections que tu pourrais recevoir en te mettant au maximum à sa place.
2- Travailler ta confiance en soi
Le manque de confiance en soi est l’ennemi d’une bonne répartie. Si tu manques de confiance en toi, tu auras beau avoir la meilleure réplique au monde, elle restera probablement coincée dans ta tête par peur du regard des autres.
Pour développer ta confiance en toi et ton aisance à l’oral, il faut prendre sur toi et t’entraîner. Et pour cela, rien de mieux que de te tester dans des situations sans enjeux. Tente des réponses entre amis ou en famille sans chercher LA bonne réponse. Mais juste le fait de répondre rapidement musclera ton cerveau et te créera des réflexes.
Tu peux aussi participer à du théâtre d’improvisation. Exercice redouté par la team « timide », c’est pourtant un coaching redoutable pour sortir de ta zone de confort, apprendre à gérer le trac et à parler en public, et enfin vaincre ta timidité.
Le théâtre apprend à s’exprimer clairement, à captiver son auditoire, à travailler le langage corporel, à oser lâcher prise en oubliant le regard des autres. Des armes utiles pour reprendre confiance en toi et être conscient de tes points forts.
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3- Être à l’écoute
Pour une répartie réussie, il faut savoir être à l’écoute. Si tu veux jongler avec les bons mots, faire rire ton interlocuteur ou lui clouer le bec, il faut aussi être en mesure de comprendre le sous-jacent dans son discours, sa communication non verbale, sa gestuelle, sa communication paraverbale, son intonation… C’est ce qu’on appelle l’écoute active.
L’écoute active est une technique clé pour maintenir la conversation fluide et convaincre efficacement, surtout lors d'une présentation ou d’un entretien.
Ne sois pas obnubilé·e par tes répliques, le plus important est de rester dans le moment présent. Parce qu’une répartie à côté de la plaque, c’est parfois pire que pas de répartie du tout.
4- Désamorcer la situation
Pendant une conversation houleuse, une attaque peut mettre notre confiance à rude épreuve. Mais, désamorcer une attaque peut se faire en 2 temps, 3 mouvements :
- Étape 1 : respirer profondément et faire preuve de détachement total. Ne rien prendre personnellement, même si la pique est vicieuse. Cela te permet de rester calme, serein.e et prêt.e à répondre sans perdre ton sang-froid. En mode "Je refuse de voir ça comme une attaque, d'ailleurs, c'est drôle et on rigole ensemble haha" ;
- Étape 2 : recentrer sur ce qui compte pour toi et expliquer tes motivations, tes valeurs, tes priorités : "À vrai dire, voilà pourquoi je fais ce que je fais, voilà pourquoi je trouve ça bien...".
Cette technique revient à mettre ton égo de côté.
Le hic avec cette stratégie, c'est qu'à force d'encaisser, la moutarde peut aussi te monter au nez. Tu risques de perdre patience et de tomber dans du passif-agressif.
Du coup, voilà une autre technique qu'il est possible d'utiliser pour clouer le bec à ton interlocuteur.
5- Mettre en lumière et renvoyer
Il arrive parfois que les gens ne cherchent qu'à nous nuire. Ils font de l'ironie, nous tournent en dérision, ils envoient des piques pour nous déstabiliser, voire nous dévaloriser. En bref, ils jouent avec notre estime de soi et veulent nous pousser dans nos retranchements pour titiller notre Ethos (réputation / image) et non pas notre Logos (argumentaire).
Petit extrait de Camille Etienne, activiste écolo qui est moquée pendant toute son intervention au Medef :
Alors Camille, et toi, voici une stratégie pour vous dépatouiller de cette méchanceté gratuite :
- Étape 1 : grossir soi-même les traits et être dans l'autodérision. Ils veulent faire rire ? Rions un temps avec eux. Cela t’évitera de passer pour quelqu'un qui n’a pas le sens de l’humour.
- Étape 2 : mettre des mots sur ce qu'il se passe. Ça va 5min de rire de soi-même, il est maintenant temps de recadrer, de révéler et de renvoyer : "Mais au fond, c'est quoi votre problème ? Qu'est-ce que vous pensez vraiment ? Pourquoi cette question / attaque ?"
- Étape 3 bonus : ne jamais accepter une question si elle enfreint ton inimitié. Alors, au lieu de dire "je refuse de répondre à ça" au risque de laisser penser que tu caches des choses, essaye plutôt "Qu'est-ce que vous voulez faire avec votre question ? Qu'est-ce qui justifie qu'on s'écarte autant du sujet ?". En faisant ça, c'est à l'autre de se justifier et de te convaincre. Et s'il ne te convainc pas, tu vas pouvoir le recadrer.
Conclusion : ose t'affirmer
Globalement, toutes ces techniques ne valent pas grand-chose si tu ne commences pas à développer ton assertivité.
Être assertif·ve, c’est s’affirmer et affirmer sa personnalité en prenant l'autre en considération.
C'est reconnaître qu’il y a une personne en face de toi et reconnaître que cette personne a ses idées, ses croyances, ses sentiments et mérite d’être respectée.
C'est communiquer d’une manière qui rendra ta vision et tes besoins clairement compréhensibles par les autres, sans pour autant écraser leurs idées, leurs croyances et leurs sentiments.
L'assertivité améliore les chances que tu sois bien compris·e car il n’y aura pas de filtres émotionnels qui se mettront en travers de ton chemin. Cela réduit les risques de conflits, et surtout, c’est une meilleure façon de répondre aux besoins des deux parties.
Pour améliorer ton assertivité, tu peux utiliser des phrases du genre :
- Serait-il possible pour nous de…
- Considérerais-tu la chose suivante…
- Quelle solution recommandes-tu ?
- Je reconnais ce que tu viens de dire, voici mon point de vue…
Tu peux aussi lire notre article sur « Comment bien formuler tes critiques ? »
Avec toutes ces techniques, tu devrais arriver à résister à tous types d’attaques sans trop d'échardes.
Et si jamais, ô grand jamais, tu tombes sur quelqu'un de mauvaise foi, de borné ou d'extrêmement têtu, tu as aussi le droit d'abandonner. Ce n’est pas échouer, c’est aller de l’avant. Choisis tes batailles. Mets ton énergie dans les choses qui comptent vraiment pour toi.
Dans la vie, il vaut mieux être heureux que d'avoir raison.
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Julien de Sousa, fondateur de Panache.
Aller plus loin
Voici les réponses aux questions qui nous reviennent le plus. Si tu en as d'autres, entre en contact avec nous pour en savoir encore plus.
L'assertivité, c’est un peu la star des soft skills quand il s’agit de prise de parole. Concrètement, c’est l’art de s’affirmer sans écraser les autres. En mode : "Je dis ce que je pense, mais je ne t’envoie pas balader pour autant."
Être assertif·ve, c’est réussir à exprimer clairement ses idées, ses besoins et ses opinions tout en respectant ceux de ton interlocuteur·rice. En gros, tu n’es ni un paillasson, ni un bulldozer.
Imagine-toi dans une réunion tendue où tout le monde parle fort, se coupe la parole et où toi, tu arrives à poser calmement ton point de vue avec des arguments solides. Résultat : on t’écoute, on te respecte, et surtout, tu fais avancer les choses sans provoquer de clash.
L'assertivité, c’est aussi savoir dire "non" avec élégance, poser des limites et désamorcer les conflits avec panache (ça, c’est tout toi). Bref, c’est la clé pour une communication efficace et impactante, que ce soit en entretien, en débat, ou face à tonton Dominique qui nie encore le réchauffement climatique.
Dans un échange professionnel, l'écoute active c’est la clé pour comprendre ton interlocuteur, capter ses besoins, ses attentes, et parfois même ce qu’il ne dit pas directement.
Imagine une réunion où chacun balance ses idées sans écouter les autres : ça devient vite un ping-pong verbal stérile. L'écoute active te permet d’attraper la balle au vol, de montrer que tu es vraiment impliqué·e, et d'adapter ta réponse en fonction des infos que tu reçois. Résultat ? Tes arguments sont plus pertinents et ton impact est décuplé.
C’est aussi un super moyen de créer de la confiance. Quand tu écoutes vraiment, ton interlocuteur se sent valorisé. Et un collaborateur ou un client qui se sent entendu, c’est un pas de géant vers une collaboration réussie.
Développer une bonne répartie, c’est un peu comme muscler ton esprit : ça demande de l’entraînement et quelques techniques bien ciblées. Voici une version express mais efficace pour y arriver :
1. Prépare-toi en amont
Anticipe les objections ou questions délicates. Pour cela, essaye l’exercice du "Jeu de rôle inversé" : imagine-toi dans la peau de ton interlocuteur et invente des questions ou remarques qu’il pourrait poser. Ensuite, entraîne-toi à formuler des réponses rapides et pertinentes pour chaque situation.
2. Améliore ta confiance en toi
Sans confiance, pas de répartie ! Mets-toi au théâtre d’impro ou entraîne-toi avec des proches pour apprendre à réagir vite et à sortir des sentiers battus. L’assurance vient avec la pratique.
3. Sois attentif à ton interlocuteur
L’écoute active est ta meilleure alliée : capte le ton, les gestes et les sous-entendus. Une répartie bien ciblée fait mouche parce qu’elle répond aussi au non-dit.
4. Utilise l’humour et l’autodérision
Ne te prends pas trop au sérieux. Un bon trait d’humour désarme n’importe quel interlocuteur et te fait gagner des points de sympathie.
Les questions pièges, c’est comme les petits cailloux sur un chemin : elles te font trébucher si tu ne fais pas attention et donc te déstabilise. Mais avec un peu de préparation et les bons réflexes, tu peux les éviter avec classe ou mieux, les transformer en tremplin pour briller. Voici notre méthode pour réagir avec répartie et faire sensation, même dans les moments délicats.
1. Reste calme et respire
La première règle, c’est de ne pas te laisser emporter. Une question piège peut être déstabilisante, mais si tu montres des signes de panique, tu as déjà perdu une manche. Respire profondément, prends une seconde pour te recentrer, et adopte un ton posé.
💡 Tips Panache : Le silence n’est pas ton ennemi. Une pause peut te donner le temps de réfléchir tout en renforçant ton autorité.
2. Identifie l’intention derrière la question
Demande-toi : pourquoi cette question ? Est-ce une vraie interrogation, une provocation, ou un test de tes capacités ? Comprendre l’objectif te permet d’adapter ta réponse. Par exemple :
- Si c’est pour tester ton expertise, réponds avec des faits clairs et concis.
- Si c’est une attaque déguisée, désamorce-la avec humour ou recadre calmement.
3. Récupère le contrôle avec une question
Une excellente technique face à une question piège, c’est de répondre... par une question. Ça peut surprendre ton interlocuteur, clarifier ses intentions, et te donner un peu de temps pour structurer ta réponse. Par exemple :
- « Intéressant, mais qu’entends-tu exactement par là ? »
- « Peux-tu préciser ton point de vue pour que je sois sûr·e de bien répondre ? »
Cette approche te permet de reprendre l’initiative sans entrer dans le jeu de la confrontation.
4. Utilise l’autodérision
Rien ne désarme plus une attaque qu’un bon trait d’humour sur toi-même. Si on te critique ou te provoque, montre que tu es au-dessus de ça. Exemple :
- Question : « Tu penses vraiment être à la hauteur pour ce projet ? »
- Réponse : « Clairement pas, mais j’ai un CV d’acteur hollywoodien pour le faire croire ! »
L’autodérision te rend sympathique et montre une grande confiance en toi.
5. Recentre la conversation
Si la question piège t’éloigne du sujet principal, ramène la discussion sur le bon chemin. Par exemple :
- Question : « Pourquoi devrions-nous croire que ça fonctionnera avec toi ? »
- Réponse : « C’est une question légitime, mais revenons à l’essentiel : voici ce que j’apporte au projet... »
En faisant cela, tu refuses de te laisser détourner et démontres ton professionnalisme.
6. Mettez des mots sur la situation
Parfois, il est utile de révéler la stratégie derrière la question. Cela peut désamorcer la tension et te redonner la main. Exemple :
- Question : « On dit que tu n’as pas beaucoup d’expérience dans ce domaine, tu confirmes ? »
- Réponse : « Ah, la fameuse question sur l’expérience ! Je comprends l’inquiétude, mais voici comment je compense par mes résultats concrets. »
7. Prépare-toi à l’avance
Certaines questions pièges sont prévisibles, surtout en entretien ou dans un débat. Entraîne-toi à les anticiper et prépare des réponses qui combinent humour et assurance. L’exercice du Dissoï Logoï (défendre les arguments opposés) est une arme redoutable pour te préparer aux objections.
8. Termine sur une note positive
Peu importe le contenu de la question, ta répartie doit montrer que tu restes confiant·e et professionnel·le. Termine avec une phrase qui marque, comme :
- « J’espère que cette réponse te convainc autant que moi, sinon, on peut en débattre autour d’un café ! »