Leadership

Comment utiliser ta gestuelle pour renforcer ton discours ?

Modifié le
15
May 2025
par
Julien de Sousa
Couverture article sur la gestuelle pour renforcer son discours - Panache formation prise de parole

Introduction

Dans le feu d’une prise de parole, ce n’est pas uniquement ce que tu dis qui compte.

C’est comment tu le dis.

Et mieux encore : comment tu le montres.

On se demande parfois : Le non-verbal est-il un levier de persuasion ?

En rhétorique, le discours ne se résume jamais à de simples mots.

La gestuelle, c’est précisément cet outil qui donne du poids aux mots, qui ancre le message dans la réalité sensorielle de ton audience.

Parce qu’un orateur qui parle avec aplomb, qui sait manier son espace, qui accompagne son discours d’une gestuelle précise, crée un sentiment d’évidence.

S’il est à l’aise avec ses mots ET avec son corps, que ces deux aspects sont synchronisés, alors il fait preuve de congruence.

La congruence, c'est le fait de faire matcher parfaitement gestuelle et discours prononcé dans une histoire d’amour aussi forte que Roméo et Juliette.

Because, on croira toujours plus en un discours incarné par un orateur, une oratrice, dynamique, plutôt qu’un discours lu d’une voix monocorde et les bras ballants.

La parole seule est abstraite.

Le corps, lui, est tangible.

Il rend les idées visibles.

Les principes fondamentaux d’une gestuelle efficace

Le problème de la gestuelle, c’est qu’elle est souvent soit trop absente (le conférencier raide et statique), soit trop présente (celui qui brasse l’air comme un DJ fou).

L’enjeu est donc de doser et de donner du sens aux mouvements.

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1 - L’ancrage et la posture : établir sa présence

Le premier principe, c’est l’ancrage.

Une posture bien maîtrisée, c’est un corps qui occupe l’espace avec assurance.

Pourquoi est-ce crucial ?

Parce que l’image que tu renvoies à ton public doit renforcer ta crédibilité.

Et ça passe aussi par le corps. Si ton corps semble hésitant, ton discours le sera aussi et tu seras moins crédible.

C’est un peu comme quand j’annonce à tout le monde que je suis en diet’ alors que je m’enfile allègrement une deuxième portion de tiramisu.

(Il était excellent, j’y peux rien)

MAIS : pas crédible.

Alors comment faire pour s’ancrer ?

  • Plante-toi dans le sol :

Pour éviter les piétinements, il faut que tu imagines ton corps comme un arbre enraciné, mais souple.

Contre-intuitif non ?

En fait, je te dis ça parce que, en déplacement ou immobile, il faut que tu sois souple et léger, mais également stable et uni d’un seul bloc.

L’idée, ce n'est donc pas d’être droit comme un panneau STOP, mais plutôt de se penser à la fois connecté au sol, à la fois connecté à soi.

  • Adopte une posture ouverte :

Dos droit, épaules dégagées. Tu es fier.e. La poitrine s’avance légèrement (mais pas trop sinon tu ressembles aux mecs trop musclés qui font des tours de plage pour se montrer).

En te tenant comme ça, tu ouvres ta cage thoracique, tu respires mieux et tu montres une allure confiante, puissante et ouverte.

  • Évite les gestes parasites :

Un orateur, une oratrice qui joue avec ses vêtements, qui se gratte nerveusement la nuque ou qui fait des nœuds avec ses doigts, ça déconcentre son auditoire. Pour la bonne est simple raison que ce qui est en mouvement attire l’attention.

Ça se vérifie dans la nature : les animaux qui ne veulent pas être vu lorsqu’ils chassent/sont chassés s'immobilisent et se fondent dans le décor.

Parce que dès qu’ils se mettent mouvement, ils sont plus visibles.

Du coup, si tu agites tes mains, tu vas forcément attirer l’attention de ton audience sur ces dernières, il faut le faire pour les bonnes raisons.

2 - L’usage des mains : appuyer et illustrer le propos

Comme je te disais, les mains peuvent être des parasites, mais également des alliées très puissantes.

Elles t’aident aussi à structurer visuellement ton discours.

Elles ne doivent donc pas être décoratives, mais signifiantes.

Premier rôle des mains : structurer le discours

Si tu veux montrer un contraste entre deux idées :

Explique la première idée en dirigeant tes mains vers ta gauche et la seconde en les dirigeant vers la droite (et inversement proportionnel, équivalent et sinequanone)

Ce faisant, tu mets physiquement en évidence une différence entre les deux.

Ça marche aussi pour parler des parties de ton discours.

Si tu veux énumérer trois points, montre-les avec tes doigts.

Le public suit plus facilement un raisonnement visuel.

Deuxième rôle des mains : donner du relief au propos

La gestuelle sert aussi à amplifier la force, l’impact ou l’importance d’un mot.

Repère dans ton texte les mots-clefs que tu veux absolument que ton public retienne et marque-les d’une gestuelle :

  • Serrer le poing devant tes yeux
  • Ramener les mains vers ta poitrine
  • Taper tes deux paumes l’une contre l’autre

Autant de manière de créer une attention particulière sur des moments de ton discours.

Attention cependant à ne pas rendre ça trop mécanique.

Fais-toi confiance, trouve ce qui te convient et ne force pas ta gestuelle.

3 - Le regard : le lien entre toi et ton public

Le regard, c’est le fil invisible qui relie l’orateur à son public.

C’est le moyen 100% gratuit de créer une connexion profonde avec tes interlocuteurs et interlocutrices.

Un discours sans regard, c’est une discussion avec un mur.

Et un regard fuyant, c’est un signal d’incertitude.

Premier enjeu : la connexion avec l’auditoire

Il ne s’agit pas de fixer une seule personne (parce que la personne sera légitimement en droit d’appeler la police), mais de balayer du regard l’ensemble de ton audience.

Chaque personne doit avoir l’impression que tu t’adresses à elle.

Ton regard fait exister chaque membre du public dans l’instant.

Pour ça, tu ne vas pas juste te contenter de faire des mouvements de tête de droite à gauche et de haut en bas sans objectif.

Tu vas simplement fixer des points quelques secondes un peu à gauche, un peu à droite, un peu en haut et un peu devant toi.

Et si tu te sens à l’aise, tu peux vraiment regarder dans les yeux plusieurs personnes lorsque tu fixes ton regard sur chacun de ces points.

Deuxième enjeu : la synchronisation avec le message

Tout comme la gestuelle, le regard doit accompagner les moments clés du discours.

C’est exactement le même principe.

  • Hausser un sourcil pour marquer un doute.
  • Fixer l’auditoire lors d’une question rhétorique pour créer une attente.
  • Détourner brièvement le regard pour simuler une réflexion.

Ça donne du rythme, du relief, du poids à ton message.

Film Catch me if you can - Importance d'une bonne gestuelle à l'oral - Articles Panache
Dans le film Catch Me If You Can, Frank (Leonardo DiCaprio), encore adolescent, entre dans un aéroport vêtu d’un uniforme de pilote qu’il a obtenu frauduleusement. Il traverse le hall, accompagné de vraies hôtesses, et capte tous les regards. Il n’a pas encore parlé... mais tout dans son corps affirme : “je suis légitime ici.”

Voici un article qui pourrait t’intéresser, pour muscler ta rhétorique et rendre tes présentations moins stressantes : Surmonter la peau de parler en public

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Comment s'entraîner à une gestuelle naturelle ?

Le meilleur conseil que tu liras pour t'entraîner à avoir une gestuelle parfaite se trouve dans l'exercice suivant :

  1. Prends ton téléphone et filme-toi.
    Tu fais ton discours face caméra, debout ou assis en fonction des conditions où tu réaliseras le jour J. 
  2. Regarde la vidéo et coupe le son.
    Note tout ce qui ne va pas au niveau de ta posture, tes mains et ton regard.

Si jamais tu as l'impression d'être visuellement plus raide que le moins bon des balais d'Harry Potter, avec un regard fuyant et des mains très peu en mouvement :

  • Recommence en poussant légèrement le curseur jusqu'à ce que le résultat soit plus dynamique, naturel.

Si jamais à l'inverse, tu gigotes comme un balle rebondissante, tu fixes la caméra de manière creepy et tu utilises tes mains comme un batteur de Hard Rock :

  • Recommence en reculant légèrement le curseur jusqu'à ce que le résultat soit moins... épileptique.

Note ce qui a fonctionné, ce qui te convient et mets ça en pratique les jours suivants.

Tu peux également lire un article sur Les 6 étapes pour délivrer une prise de parole réussie pour nourrir ton éloquence et transformer ton discours.

The King's Speech, montre l'importance d'un entraînement pour la gestuelle - Article de Panache
Dans The King's Speech, la gestuelle est le reflet du combat intérieur du roi. Son corps tendu, figé, trahit ses blocages bien avant ses mots. À mesure qu'il s'ouvre physiquement, sa parole devient plus fluide et crédible. Le film montre que prendre la parole, c'est aussi habiter son corps.

Conclusion

La gestuelle, c'est l'amplificateur ultime d'un bon discours.

Si tu as compris ça, tu es prêt(e) à devenir plus convaincant(e) lors de tes prochains discours !

Une posture ancrée, des gestes pertinents et un regard engageant peuvent transformer une prise de parole moyenne en performance mémorable.

Retiens donc ça :

Ton corps parle, fais en sorte qu'il dise quelque chose d'intelligent.

Un bon orateur/oratrice sait jongler entre mots et gestes (verbal et paraverbal) pour captiver son audience.

Le regard, c'est la façon la plus simple de créer une connexion.

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Aller plus loin

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La gestuelle suffit-elle à convaincre ?

Non, mais elle peut tout changer.

La gestuelle ne remplace jamais le fond du discours. Un propos vide, aussi bien "gesticulé" soit-il, restera creux.

En revanche, une gestuelle maîtrisée peut sublimer un message fort, amplifier son impact émotionnel et ancrer les idées dans la mémoire de l'auditoire.

Un discours convaincant repose sur 3 piliers :

  1. La structure du message
  2. La voix (rythme, intonation,silence)
  3. Le langage corporel (gestuelle, regard, posture)

La gestuelle agit comme un amplificateur silencieux : elle rend visibles nos intentions, renforce la crédibilité de nos arguments et donne vie à nos émotions.

Quels gestes renforcent la crédibilité d'un discours ?

Certains gestes ont un pouvoir de persuasion très fort, à condition qu'ils soient authentiques et ancrés dans l'intention :

  1. Les gestes d'ouverture
    • Paumes tournées vers le public
    • Mains légèrement écartées
      • Transmettent honnêteté, disponibilité et clarté
  2. Les gestes illustratifs
    • Compter sur les doigts
    • Marquer une opposition gauche/droite pour structurer
      • Aident le public à visualiser le raisonnement
  3. Les gestes d'ancrage émotionnel
    • Mains sur la poitrine pour la sincérité
    • Mains vers l'audience pour l'inclusion
      • Créant une connexion émotionnelle
  4. Les gestes calmes et posés
    • Renvoient une image de maîtrise, de sérieux, de confiance de soi. 
Quels sont les signaux corporels qui décrédibilisent un orateur ?

Ton corps ne ment jamais. Et si tes gestes racontent une autre histoire que tes mots, c'est cette histoire-là que l'audience retiendra.

Les plus gros saboteurs de discours ? 

  • Les gestes parasites : Tu te frottes la nuque, tu tapotes un stylo, tu ajustes sans fin une manche invisible... Tu ne parles plus, tu confesses ton stress à ciel ouvert.
  • Les micro-mouvements agités : Tu bouges. Mais pour fuir, pas pour renforcer. Et ça se voit. Le mouvement désordonné crée un effet de fébrilité - pas de pression.
  • Les postures de fermeture : Bras croisés, tête penchée, regard fuyant : tout crie "je doute", "je me protège", " je veux qu'on en finisse".
  • Le regard absent ou figé : Ni lien, ni vie. Une parole sans regard est une parole sans pont. Elle tombe dans le vide.

Un orateur crédible n'est pas forcément parfait.

Mais il est présent. Il est conscient. Il est incarné. 

Faut-il adapter sa gestuelle selon le type de public (présentiel, visio, grand groupe) ?

‍Évidemment.

Sinon, c'est comme parler à un théâtre vide avec un micro coupé.

Un bon orateur, c'est un caméléon. Il lit la scène, sent l'espace, capte la densité du public et modifie sa gestuelle comme un chef d'orchestre ajuste son tempo.

En visio ? 
La caméra est un œil fixe. Tu n’as plus tout le corps, mais le haut du torse, le visage et les mains. Alors, tu bouges moins, mais mieux. Chaque geste doit être lisible, chaque regard dirigé vers la caméra. C’est ton seul pont visuel.

En petit comité ?
L’intimité permet la précision. Des gestes plus fins, plus doux. La sincérité gagne ici sur l’effet.

En grand groupe ou conférence ?
L’espace s’élargit, donc ta gestuelle aussi. Il faut gonfler la présence. Marche si c’est possible, utilise tes bras pour balayer l’auditoire. Ton corps devient vecteur d’autorité.

Ce que tu adaptes, ce n’est pas ton message. C’est l’amplitude de ta présence. Et c’est ça, le vrai professionnalisme : parler juste, mais aussi habiter l’espace avec justesse.

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