Introduction
Mise en situation
Tu entres dans une réunion, un atelier ou une formation.
Face à toi, il y a 10, 20 ou 30 personnes.
Tu viens avec ta belle énergie, tu n'as qu'une seule envie : embarquer tout ce beau monde.
Tu t'élances, tu introduis le sujet du jour qui te passionne, et tu espères qu'il passionnera également toutes ces paires d'oreilles.
Certaines sont accrochées à tes lèvres, opinent du chef, et puis tu as Dominique qui commence à froncer des sourcils.
Si ce n'était que ça, il te suffirait de reprendre une phrase pour clarifier ce que tu viens de partager.
Mais notre cher-ère Dominique n'est ni bienveillant-e, ni empathique. Alors iel t'interrompt, râle un peu, mais surtout te lâche des grosses crottes de nez du genre :
- "Ouais, mais ça ne marchera jamais ton truc car [monologue interminable]"
- "J'te coupe hein, car moi je pense qu'il faut surtout [monologue interminable]"
- "Euh, t'es bien sympa mais la vérité c'est que [monologue interminable].
Et voilà, Dominique prend en otage la réunion, l'atelier, la formation avec ses interruptions interminables.
Dominique est un-e minable. Dominique est un-e relou-e.
Alors, soit, tu essayes de le convaincre et vous faites un combat d'opinions, mais tu vas perdre ton temps, et faire perdre celui des autres.
Soit, tu l'ignores, mais tu vas avoir un bourdonnement continu désagréable.
Soit, tu le dégages de la salle, mais tu vas passer pour quelqu'un de peu diplomate et Dominique sera ton ennemi-e un petit moment.
C'est là où je te donne 4 étapes à suivre pour relever ce défi afin de rester maître de la situation, muscler ton charisme et transformer Dom' en allié-e.
Et bonus, en fonction des réactions de Dominique, tu n'auras peut-être besoin que de l'une d'elles.
Pose un cadre
Il m'arrive parfois de donner des cours en école (ESCP, Sup de Pub, HEP...). Face à moi, j'ai une trentaine d'étudiants qui n'ont pas demandé à me voir.
Alors, il y a une petite technique que j'utilise avant même de commencer mon cours, je leur dis :
"Je sais que dans votre poche, il y a un téléphone bien plus stimulant que moi. Donc, je ne vais pas vous interdire d'être dessus. D'ailleurs, si je vous vois scroller, c'est que cet objet est plus intéressant que moi. Alors, utilisez-le si je vous ennuie. Vous me dites indirectement que je ne fais pas bien mon taf. Et encore mieux, vous pouvez même me le dire directement pour rendre ça participatif. Comme ça j'adapte en live. Tout le monde est ok avec cette consigne ?"
Avec cette intro, je n'ai presque aucun téléphone de sorti, car mes étudiant-e-s ont validé ma consigne, et donc se sentent acteurs de leur cours.
Mon conseil pour ta future réunion, ton futur atelier, ou ta future formation : pose un cadre pour créer une bulle de confiance dans laquelle tes participants donnent leur accord.
Dans l'idéal, tu :
1- Fais une petite introduction de 3min sur le sujet du jour pour les rendre ultra-curieux (à base d'accroches originales, de désirs, de moments d'émotions...)
2- Propose un cadre et des règles du jeu pour ta réunion en 1min, et tu le fais valider auprès du public.
Exemple :
"[...]. Et donc pour bien lancer le sujet, j'aimerais avant tout qu'on pose un cadre de travail qui nous permettra d'atteindre [résultats]. Je pense qu'il est important qu'on s'écoute, qu'on soit maître de notre participation, qu'on accepte les points de vue de chacun, qu'on prenne soin de laisser la place à tout le monde et qu'on tienne bien notre timing. Déjà êtes-vous tous d'accord avec ça ? Bien, et voyez-vous autre chose de précieux pour ce temps passé ensemble ?"
Là, tu accueilles ce qui est partagé, tu le notes et tu fais valider le tout par l'assemblée qui cherchera à rester cohérente avec son engagement.
Tu peux aussi lire cet article sur Comment réussir tes prises de parole.
Avec tout ça, tu augmentes considérablement tes chances d'avoir un groupe bienveillant et allié.
Mais tu n'es pas à l'abri d'avoir Dominique qui te lâche une crotte de nez au bout de 10min, donc tu as la 2ᵉ étape.

Appel à l'aide un-e allié-e
La semaine dernière, j'animais une formation pour des dirigeant-e-s de BPI France.
Comme très souvent dans mes interventions, je peux recevoir des objections, car c'est normal. Cela enrichit l'échange et la réflexion, lorsque c'est fait de manière bienveillante (étape 1).
Et puis parfois, le débat s'éternise, ou la consigne est mal comprise, pire, mal perçue.
C'est ce qui s'est passé pendant ma formation BPI. Un de mes participants ne voyait pas où je voulais en venir (car il n'avait surtout pas écouté le début...).
Alors au lieu de me répéter, de me justifier ou de le recadrer, j'ai tout simplement demandé à l'assemblée :
"Quelqu'un peut-il expliquer à Dominique avec ses mots ce qu'il a retenu et compris pour lui apporter vos lumières svp ?"
Cette question est la plus belle échappatoire qui soit pour 3 raisons :
1- Tu n'as pas besoin de parler à Dominique (surtout s'iel est vraiment bien relou),
2- La personne qui prend la parole à ta place devient ton alliée (et les autres aussi),
3- Tu valides si les autres ont compris (ils se sentent impliqués).
En engageant les autres à participer à la réflexion et à l'aider, tu n'es plus seul-e face à Dominique.
Et cela va certainement le-la refroidir.
Car si tu ne l'aimes pas, ce n'est pas grave pour lui.
En revanche, si tout le groupe le rejette, alors cela devient anti-stratégique.
Mais tu n'es pas à l'abri d'avoir Dominique qui s'en fout de se mettre tout le groupe à dos car iel adore jouer au poil à gratter. Donc, tu as la 3ᵉ étape.
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Propose-lui un temps ultérieur
Il m'est arrivé d'avoir une pipelette de l'espace dans un de nos parcours "Parle avec Panache".
Alors pas du tout une "Dominique", juste quelqu'un qui ne se rend pas compte qu'elle monopolise la conversation et ralentit tout le groupe avec ses moults questions.
Une sorte de "Guillaume" dans Nos Jours Heureux (j'offre une compote à la pomme aux abonné-e-s qui ont la réf de ce Guillaume). Enfin j'sais pas, enfin peut-être.
Donc malgré un cadre posé + la sollicitation d'un-e allié-e, il va falloir gérer cette personne qui continue d'interrompre. Parfois sans mauvaise intention, mais parfois pour jeter consciemment des crottes de nez.
Dans ce cas de figure, tu vas pouvoir dégainer ce genre de phrase :
"Dominique, c'est précieux d'avoir ton point de vue, et ta curiosité. Merci pour ça. Je te propose qu'on poursuive ces échanges après la réunion / formation / l'atelier car il y a un timing et un cadre à respecter. Celui dont on avait parlé en intro. D'ailleurs, j'aimerais bien entendre le point de vue de quelqu'un d'autre sur [sujet / question pour orienter vers autre chose]".
L'idée dans cette phrase, c'est de :
a- Remercier
b- Annoncer d'en reparler plus tard
c- Rappeler que le cadre avait été accepté
d- Réorienter vers qqch d'autre
À ce moment-là, Dominique (s'iel n'est pas qu'un gros gros relou comme il en existe encore quelques espèces), devrait capter les signaux du recadrage et se remettre au diapason.
Et tu auras l'occasion de poursuivre les échanges avec lui-elle en fin d'intervention, si tu le souhaites.
Mais tu n'es pas à l'abri d'avoir Dominique qui est un relou pur sang. Donc, tu as la 4ᵉ étape.
Donne-lui un feedback en mode CNV
Si tu dois arriver à cette étape, c'est que Dominique est un-e fuc***ng relou comme il en existe très peu. Une sorte de Pokémon Légendaire.
Presque à inviter à un dîner du mercredi soir...
Iel est sûrement pas très heureux-se dans sa vie pour jeter des crottes de nez comme on jette du riz pour célébrer les mariés.
Alors pare-toi de ta plus belle empathie est fais-lui un feedback à la sauce Communication Non Violente (CNV) pour éviter un éventuel conflit et bien gérer la relation.
Sans trop rentrer dans le détail, car la CNV fera l'objet d'une newsletter à part entière, tu vas lui faire un feedback en 4 temps, dans cet ordre :
a- Observation des faits
"J'ai posé un cadre / j'ai impliqué le groupe / je t'ai proposé qu'on en parle plus tard / tu m'as interrompu X fois / tu ne respectes pas le cadre qu'on a validé...". Attention : pas de jugement, que des faits.
b- Partage de tes ressentis
"Je ne me sens pas respecté-e / cela me stresse pour la bonne avancée de la réunion / je ne me sens pas à l'aise avec ce comportement...". Attention : pas de "tu" du genre "je sens que tu ne fais aucun effort".
c- Partage de tes besoins
J'ai besoin que la réunion avance efficacement / j'ai besoin que toutes les personnes du groupe se sentent au même niveau / j'ai besoin d'aller au bout pour que chacun puisse comprendre l'entièreté de mes propos...".
d- Expression d'une demande
"J'aimerais donc que pour le reste de cette réunion, tu me laisses poursuivre sans aucune interruption, ou alors, je te propose de quitter la salle et je te communiquerai un compte-rendu si tu le souhaites.". La demande doit-être claire, concrète et affirmée. C'est ça l'assertivité = s'affirmer en prenant soin de la relation.
L'avantage de cette dernière étape à la sauce CNV, c'est que tu verbalises tes besoins. Grâce à ça, soit les êtres humains écoutent et prennent soin. Soit, ils sont juste dépourvus d'empathie, et donc il faut arrêter d'y consacrer une once d'énergie.
Si tu souhaites avoir plus d'informations concernant la communication non violente n'hésite pas à lire cet article sur Comment se faire respecter à l'oral.
D'ailleurs, si on arrive à la 4ᵉ étape, c'est qu'a priori notre Dominique est vraiment qu'un gros troll, donc ça ne vaut pas le coup d'essayer de le rallier à ta cause. Tu as les 29 autres qui méritent que tu prennes soin d'eux.
Dans la vie, tu as le choix entre être heureux-se, et avoir raison.
Conclusion
En résumé, transformer les "relous" en alliés, c’est avant tout une question de préparation, de gestion de la communication et de stratégie.
En appliquant ces 4 étapes simples – poser un cadre, appeler un allié, proposer un temps ultérieur et donner un feedback constructif – tu vas non seulement éviter les conflits, mais aussi renforcer ton charisme et ta maîtrise des situations délicates
Entraîne-toi avec tout ça et écris-moi pour me partager ton expérience lors d'une intervention avec ce-tte Dominique.
PS : je n'ai rien contre les Dominiques. C'est le prénom de mon père !
Obtient les opportunités que tu mérites avec nos formations en prise de parole en public.
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Julien de Sousa, fondateur de Panache.
Aller plus loin
Voici les réponses aux questions qui nous reviennent le plus. Si tu en as d'autres, entre en contact avec nous pour en savoir encore plus.
La Communication Non Violente (CNV) est une méthode qui permet de résoudre les conflits de manière respectueuse, tout en préservant la relation. Elle est particulièrement utile en réunion, surtout lorsque des tensions émergent.
Voici comment l'appliquer :
- Observation des faits : La première étape est de décrire la situation de manière factuelle, sans jugement. Par exemple, au lieu de dire "Tu m'interromps tout le temps", tu pourrais dire "Je remarque que tu as pris la parole plusieurs fois pendant que je parlais". Cela évite de rendre l’autre responsable ou de créer une ambiance défensive.
- Exprimer tes sentiments : Après avoir observé les faits, il est important d'exprimer tes émotions. Par exemple, "Je me sens frustré-e et stressé-e quand je n’ai pas le temps de terminer mon point de vue". Cela permet à l'autre de comprendre ce que tu ressens, sans qu’il se sente attaqué.
- Exprimer tes besoins : En expliquant ce que tu as besoin, tu clarifies ton intention. Par exemple, "J'ai besoin que tout le monde ait l'opportunité de parler et de terminer ses idées avant d’être interrompu-e". Cela montre que ton objectif est de maintenir une communication respectueuse et productive.
- Faire une demande concrète : Enfin, fais une demande claire et réalisable. Par exemple, "Je te demande de respecter mon temps de parole et de ne poser des questions qu’à la fin de ma présentation". Cette demande est spécifique et permet d'éviter toute ambiguïté.
La CNV est une méthode efficace pour désamorcer les tensions et rétablir un climat de confiance, même lorsqu’une discussion devient tendue.
Éviter les conflits pendant une réunion, c’est un peu comme essayer de gérer un dîner de famille avec des sujets sensibles à table… ça demande un peu de finesse, mais c’est tout à fait possible ! 😅 Voici quelques astuces simples pour maintenir l’harmonie et la productivité, sans que ça parte en vrille.
- Pose un cadre clair dès le début.
Avant même de commencer à discuter, il est essentiel de définir des règles du jeu simples.
Par exemple, indique que chacun aura son tour pour s’exprimer et que l’on doit respecter les opinions des autres. Une petite phrase comme "Je vous propose qu’on écoute chaque personne sans l’interrompre, histoire de rester zen" suffit souvent à poser l’ambiance. Tu évites ainsi que des échanges trop passionnés ne tournent à la confrontation.
- Sois un bon animateur de discussion.
Le rôle d'un animateur est de veiller à ce que la conversation reste constructive et qu’il n’y ait pas de prise de pouvoir par une personne ou un groupe.
Par exemple, si tu vois qu’une personne commence à monopoliser la parole, n’hésite pas à intervenir avec tact en disant : "Merci Dominique pour ton point de vue, mais j’aimerais entendre l’opinion des autres également." Cela permet de maintenir l’équilibre et de prévenir une domination qui pourrait mener à un conflit.
- Fais preuve d’écoute active.
Quand les gens se sentent écoutés, les tensions diminuent automatiquement. Si un participant soulève un problème ou un désaccord, au lieu de répondre immédiatement, reformule ce qu'il a dit pour montrer que tu l’as bien compris.
Par exemple : "Si je comprends bien, tu estimes que…". Cela montre que tu prends ses préoccupations au sérieux et que tu cherches une solution, plutôt que de renforcer le conflit.
- Gère les divergences avec diplomatie.
Les désaccords arrivent, c’est inévitable, mais ce qui fait la différence, c’est la manière dont tu les gères. Reste calme, et si un débat commence à s’envenimer, prends un moment pour rappeler l’objectif de la réunion.
Par exemple : "Je comprends que nous ayons des points de vue différents, mais nous sommes ici pour avancer ensemble. Trouvons une solution qui convienne à tout le monde." Ce genre de rappel peut désamorcer une situation tendue.
- Reste assertif, mais pas autoritaire.
Être assertif, c’est savoir défendre son point de vue de manière claire, sans agressivité. Si un conflit commence à émerger, prends les devants en réaffirmant le cadre de la réunion.
Par exemple : "Je vois que nous avons des points de vue différents, mais pour le moment, restons concentrés sur la question X." Cela aide à garder le cap sans que les échanges ne dégénèrent.
Gérer les objections sans perdre son calme, c’est un peu comme un sport de haut niveau. Mais avec un peu d’entraînement, tu vas devenir un maître du jeu, à la fois zen et efficace.
Voici quelques astuces pour rester serein(e) même face aux objections les plus épicées.
- Respire profondément avant de répondre.
La première règle quand on reçoit une objection, c’est de ne pas réagir dans la précipitation. Respire profondément, prends un instant pour réfléchir et reste calme. Cette petite pause va t’aider à ne pas tomber dans le piège de la réaction impulsive. Un simple : "Merci pour ton retour, laisse-moi réfléchir à ce que tu viens de dire…" est souvent suffisant pour rester maître de la situation.
- Écoute vraiment l’objection.
Souvent, on pense qu’on sait déjà ce que l’autre va dire, et on prépare déjà notre réponse. Mais attends ! L’écoute active est la clé pour mieux comprendre l’objection et ne pas réagir trop vite. Reformule ce que l’autre a dit pour vérifier que tu as bien compris. Par exemple : "Si je comprends bien, tu penses que ce point n’est pas assez clair, c’est bien ça ?" Cela montre que tu es ouvert(e) au dialogue et que tu prends l’objection au sérieux.
- Reste curieux et demande des précisions.
Lorsque tu fais face à une objection, au lieu de la prendre personnellement ou de la rejeter d’emblée, demande des éclaircissements. Par exemple : "Peux-tu m’expliquer un peu plus pourquoi tu penses cela ?" Cette approche permet de transformer une situation potentiellement conflictuelle en une opportunité de mieux comprendre les besoins et préoccupations de l’autre. C’est aussi un excellent moyen de ne pas perdre son calme, puisque tu prends le contrôle de la conversation.
- Reformule et mets en lumière les points communs.
Une fois l’objection bien comprise, reformule-la de manière positive et cherche à mettre en évidence les points sur lesquels vous êtes d’accord. Par exemple : "Je vois ce que tu veux dire, et je suis d’accord avec toi sur [tel point]. Cela dit, concernant [l’objection], voici pourquoi je propose [ta solution]…". En procédant ainsi, tu montres que tu respectes l’avis de l’autre, mais que tu as aussi des arguments solides pour défendre ta position.
- Rappelle-toi l’objectif de la discussion.
Il est essentiel de ne jamais perdre de vue l’objectif principal de la réunion ou de la conversation : la collaboration et la recherche de solutions. Si tu sens la tension monter, réoriente la discussion vers ce qui vous réunit plutôt que ce qui vous oppose. Par exemple : "Je comprends ton point de vue, et je pense qu’on pourrait trouver une solution qui convienne à tout le monde. Comment vois-tu cela ?" Cette approche aide à calmer les esprits et à recentrer la conversation sur l’objectif commun.
- Garde l’humour à portée de main.
Parfois, une petite touche d’humour bien placée peut désamorcer une situation tendue et remettre tout le monde dans une dynamique plus détendue. Bien sûr, il faut savoir doser, mais un petit sourire et une remarque décalée peuvent permettre de créer un lien et d’alléger l’atmosphère. Par exemple : "Ok, je vois que tu n’es pas d’accord, mais je te promets qu’on va trouver un compromis sans avoir besoin de passer par les duels à l’épée !"