Introduction
Je me souviens d'un dîner entre amis qui m'avait mis hors de moi en 2018.
On était une douzaine et il y avait 3-4 personnes que je ne connaissais pas. L'occasion de faire des rencontres sympathiques et de clamer un panégyrique* à notre hôte du jour (*discours à la louange d'une personne. Cadeau pour ton vocabulaire).
L'un d'eux était un fervent défenseur de la cause écologique.
Un allié, un ami, un frère me dis-je.
Entre les toasts-tapenade et le risotto, l'écologie est devenu le sujet central du dîner.
Et là, notre protagoniste s'est transformé en dragon.
Il a commencé à brûler les affirmations de chacun, à écraser chaque intervention, à critiquer le comportement de tout le monde.
Il connaissait parfaitement son sujet, c'est indéniable. Mais impossible de partager nos points de vue, il coupait systématiquement la parole pour mettre en avant ses idées.
Pire, pour lui, nous étions tous dans le faux, nous ne faisions pas assez, nous n'étions que de vulgaires aiglons là où la planète avait besoin d'aigles forts et puissants pour créer une tornade de changements.
Ses propos virulents et son comportement abrasif ont commencé à me faire bouillir.
Je suis de nature calme et pacifiste, je déteste les conflits mais quand la moutarde me monte trop au nez, je peux être corrosif comme de l'acide fluorhydrique.
Alors, je lui ai lâché un :
"Tu sais quoi, ferme-la monsieur je sais tout et je fais tout bien ! De une, tu mets que des bad vibes et ça ne donne pas du tout envie de t'écouter. De deux, t'emmerdes tout le monde et ça dessert la cause que tout le monde soutient ici ! Tu veux que les gens soient convaincus et changent, alors commence déjà par changer ta manière de te comporter ! Trou duc !"
Je crois que c'était encore moins poli que ça en vrai, mais l'idée est là :)
Ça l'a calmé et je crois même savoir que dans les années qui ont suivi, il s'est formé à la CNV (Communication Non Violente) et a changé sa manière de prendre la parole sur les sujets qui lui tiennent à cœur.
Entre temps, j'ai monté Panache, je me suis formé à la rhétorique et la dialectique, et si c'était à refaire, je prendrais la parole d'une autre manière pour régler cette situation.
C'est donc le moment où je te donne quelques conseils pour gérer 3 cas de figure qu'on retrouve souvent chez les relous :
- Quelqu'un qui coupe souvent la parole
- Quelqu'un qui monopolise la parole
- Quelqu'un qui se met toujours dans l'opposition (car il adore faire l'avocat du diable)

Et si jamais tu es l'un.e d'eux, je t'invite à apprendre à écouter et donner envie qu'on t'écoute dans cet article dédié.
Celui qui te coupe la parole
Partons déjà du principe que les gens ne sont pas tous mauvais et relous. Certaines personnes coupent la parole sans s'en rendre compte car elles se sentent emportées dans un élan d'enthousiasme.
Leur excitation et emballement sont tels qu'elles trépignent d'impatience et prennent / coupent la parole toutes les 30sec.
Néanmoins, qu'il s'agisse d'une personne agitée ou d'une personne mal intentionnée ou malpolie, voici des phrases que tu peux dégainer :
- Par l'affirmation :
"Je termine ce que j'ai à dire et je te laisse parler / poursuivre."
> Présentée de manière assurée et appuyée, cela permet de muscler ton assertivité. C'est à dire ta capacité à t'exprimer, défendre tes droits, ton opinion, sans empiéter sur ceux des autres. Et c'est important d'être assertif-ve.
- Par la collaboration :
"J’aimerais beaucoup entendre ton avis là-dessus, est-ce que je peux finir ?”
Ou bien dans le même genre :
“Oui, en effet, c’est très intéressant ce que tu me dis, je termine ce que je disais et je t'écoute après ok ?"
> Dans les 2 cas, tu prends un temps pour valoriser l'avis de l'autre et montrer que son point de vue est tout aussi important pour toi. Win-win.
- Par la mise en lumière :
“Est-ce que je peux parler ou tu vas continuer à m’interrompre ?”
> A utiliser face à quelqu'un qui te coupe plusieurs fois / systématiquement la parole. Tu mets en lumière son comportement et s'il ne le change pas, c'est à toi de prendre une décision : continuer l'échange malgré tout ou en arrêter-là. Car oui, tu as tout à fait le droit de refuser de poursuivre avec quelqu'un qui ne te respecte pas.
Bien évidement, plusieurs combinaisons sont possibles en fonction de la situation et de ton interlocuteur. Par exemple, lors de mon dîner, j'aurais pu dire :
"Tu as l'air de t'y connaître plus que nous, c'est cool, ça enrichi le débat. Et vu que c'est un échange que nous avons tous ensemble, je te propose de permettre à chacun et chacune d'exprimer son avis et de le développer ok ? Je te ressers du risotto en attendant ?!"
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Celui qui monopolise la parole
Encore une fois, partons du principe que les gens ne sont pas tous mauvais et parfois, il peut leur arriver de lâcher un monologue de plusieurs minutes car ils sont passionnés par leur sujet.
"En parlant de Batman, moi j'adore les chauve-souris. Tu savais que la pipistrelle est une petite espèce de chauve-souris européenne, de la famille des Vespertilionidés, caractérisée par l’absence de feuille nasale et la présence de tragus [...]"
Ou alors, ils veulent tellement s'assurer que les autres les comprennent, qu'ils se répètent et expriment leurs idées de 1001 façons différentes. Alors qu'on avait déjà tout pigé au bout de 10 sec. En vrai, c'est bienveillant de leur part.
De fait, plusieurs cas de figures s'offrent à toi :
Lors d'une réunion planifiée
Une réunion efficace est une réunion où un ordre du jour (ODJ) a été envoyé et seules les personnes utiles sont invitées.
Chaque thématique à aborder fait l'objet d'un temps dédié et un time-keeper est là pour s'assurer que l'ODJ sera respecté.
En faisant ça, on vient de régler 95% des problèmes des réunions à rallonges non-efficaces.
Ce qui autorise au time-keeper identifié de lâcher ce genre de phrase :
“Ok Aristide, je t'interromps pour respecter le temps de parole de chacun et notre ODJ... qui d'autre ?"
Lors d'un échange spontané :
Fais un signe puis,
"Écoute Aristide, tu me parles de [résumé en 1 phrase de ce que l'autre a dit], moi ce dont je veux te parler, c'est [ton point de vue / sujet / recette de flan banane]"
> En (re)prenant la parole, il est précieux de résumer ce que l'autre a dit pour lui montrer que tu l'as écouté, l'as compris, que tu le prends en considération, et maintenant c'est à toi d'exprimer ton opinion.
Une variante pour quelqu'un qui te parle de quelque chose qui ne t'intéresse pas depuis 5min et tu aimerais l'orienter sur un autre sujet :
"Ah ouais, tu m'apprends un truc là, et ça a l'air de te passionner, c'est enthousiasmant ! Moi, ce qui m'enthousiasme, c'est [le sujet dont tu veux parler / les choses que te veux savoir]"
Dans tous les cas, tu dois à un moment en placer une pour récupérer la parole. Restez attentifs, bienveillants et courtois, car sinon tu risques de tomber dans la catégorie du "relou qui coupe la parole".
Celui qui est toujours dans l'opposition
Alors là, on arrête de partir du principe que les gens sont bons de nature et ne font pas exprès d'être relous.
Car pour celui-ci, il agit en pleine conscience et bien souvent c'est plus pour exister, être au centre de l'attention et parler. Car il adore ça.
Il lui arrive même de défendre une idée la veille et son opposée le lendemain.
Voir de soutenir l'inverse de ce qu'il pense car il veut jouer à l'avocat du diable pour pimenter les échanges.
Alors voici une phrase que tu peux dégainer pour le calmer :
"Ok merci Aristide, mais au fond : qu'est-ce que tu penses vraiment ? C'est quoi ton point de vue ? Et si tu n'en as pas, c'est ok hein."
> Soit, il exprime son vrai point de vue qui est opposé au tien et tu entres dans un débat d'idées. C'est toujours riche d'apprentissages.
> Soit, il exprime le même point de vue que toi. Fin.
> Soit, il n'a pas de point de vue et tu exprimes le tien ou passez à autre chose.
Si tu remarques que cette personne reproduit tout le temps le même comportement, tu peux tout aussi bien lui demander :
"Pourquoi tu te mets systématiquement en opposition ? Quand tu fais ça, je me sens [insérez ici les émotions que tu as] et je préférerai [insére ici ta demande]. T'es ok ?"
Laisse-le répondre pour comprendre les motivations qui le poussent à agir comme ça.
Conclusion
Entendons-nous bien, tous les conseils partagés n'ont de valeur que dans des cadres plutôt formels avec des gens qu'on ne connait pas ou peu.
Car lorsque tu parles entre amis un samedi soir autour d'un pastis, tout le monde se coupe la parole, tout le monde part dans des monologues légendaires et tout le monde aime bien débattre sur la couleur de peinture à mettre dans le salon du nouvel appart' de Mathou alors qu'au fond tout le monde s'en fout...
Tant que les liens humains restent forts et que la bienveillance est là, alors laissons les choses se faire d'elles-mêmes.
Et si vraiment quelque chose te titille, te dérange dans le comportement de l'autre : prenez un temps juste tous les 2 autour d'une verveine et parlez-en calmement.
Au fond, on reste tout de même de belles personnes.
Même mon fervent défenseur de la cause écologique.
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Julien de Sousa et toute l'équipe Panache.
Aller plus loin
Voici les réponses aux questions qui nous reviennent le plus. Si tu en as d'autres, entre en contact avec nous pour en savoir encore plus.
Comment garder confiance dans un débat ?
Pour garder confiance, il est essentiel d’être préparé. Lors d’un débat, souviens-toi que la clé réside dans ta capacité à exprimer clairement ton point de vue sans hésiter.
Utilise des techniques de rhétorique comme l’assertivité : par exemple, lorsqu'on te coupe, réponds fermement avec des phrases comme "Laisse-moi finir, puis je t’écoute".
Cela montre que tu maîtrises l’échange et renforce ta crédibilité. Plus tu t’entraînes à défendre tes idées, plus tu te sens à l’aise et confiant.
L'assertivité te permettra donc de défendre ton point de vue sans gêne, tout en maintenant une confiance calme et respectueuse dans tes échanges.
Qu’est-ce que la Communication Non Violente (CNV) et comment l’utiliser ?
La Communication Non Violente (CNV) est une méthode pour exprimer ses besoins sans jugement ni dévalorisation.
Elle repose sur 4 étapes : observation, expression des sentiments, identification des besoins, et formulation de demandes concrètes. Par exemple, au lieu de dire "Tu m’énerves", tu pourrais dire "Quand tu m'interromps, je me sens frustré(e) et j'ai besoin de finir ma pensée."
Cela permet de désamorcer les tensions et de sortir de la gêne pour créer un dialogue constructif.
Comment ne pas se sentir mal à l’aise pendant une discussion délicate ?
Pour éviter de te sentir mal à l’aise dans une discussion délicate, il est important de garder le contrôle de tes émotions. Respire profondément et reste concentré sur l’objectif de l’échange.
Tu peux aussi reformuler les propos de ton interlocuteur pour clarifier sa pensée, ce qui te permet de mieux répondre sans te sentir pris au dépourvu.
Si tu te sens submergé, demande une pause courte pour reprendre tes esprits. Enfin, rester curieux en posant des questions ouvertes permet de déplacer l’attention sur l’autre, ce qui peut alléger la tension.
Quelles techniques utiliser pour sortir de sa zone de confort ?
Pour sortir de ta zone de confort et mieux t’exprimer, commence par t’exposer progressivement à des situations où tu n'es pas encore à l’aise. Cela peut être aussi simple que de participer à des discussions ou de prendre la parole dans des réunions.
L’idée est de cultiver ton aisance au fil du temps. Si tu te sens mal à l’aise, n’hésite pas à prendre un moment pour respirer profondément et revenir à ton point de vue.
Garder confiance dans tes propos et ne pas te laisser dévaloriser est essentiel.
Plus tu t’entraînes, plus tu gagnes en confiance et tu es capable de sortir de ta zone sans paniquer.
Comment développer ton aisance orale ?
Pour développer ton aisance orale, il faut d'abord pratiquer régulièrement. Par exemple, commence par t'entraîner devant un miroir ou enregistre-toi pendant que tu expliques un sujet que tu maîtrises. Écoute-toi ensuite et note les points à améliorer : ton rythme, ton ton, et ta clarté.
Une autre technique consiste à t'exposer à des situations réelles. Tu peux par exemple participer à des réunions, des débats, ou même organiser des simulations de prise de parole en public avec des amis ou des collègues. L’idée est de gérer les moments de gêne et de t’entraîner à prendre la parole sans hésiter.
L’aisance orale est un muscle à travailler. Plus tu t’entraînes à parler avec fluidité, plus tu gagneras en confiance, et plus tu seras à l’aise dans toutes tes prises de parole.