Introduction
Que tu lises les articles Panache depuis quelques jours ou depuis toujours, il y a une chose que je dis et répète sans cesse : l'être humain est avant tout un être émotionnel doté d'une fonction logique.
En gros : ce sont les émotions qui font passer à l'action.
De l'achat impulsif à l'engagement passionné, les émotions sont au cœur de toutes nos décisions.
Donc si tu parles en étant purement rationnel et factuel, ça ne sera jamais suffisant pour mettre l'autre en mouvement (acheter ton offre, te recruter, investir dans ton projet, te choisir, voter... n'importe quelle action).
Ton public a besoin de ressentir, pas juste d'entendre. Que ce soit pour convaincre un employeur, captiver une audience, ou vendre ton idée, les émotions sont tes alliées.
Voilà pourquoi, les pubs, les campagnes de don, ou les films de sensibilisation sont bourrés d'émotions.
D'ailleurs, même sans un seul mot, mais grâce aux images, on comprend le message.
Rappelle-toi cette campagne de SaveTheChildren où on voit la vie d'une jeune fille évoluer sur 1 an :
Maintenant, imagine un monde sans photo, sans vidéo, sans dessin.
D'autant que lorsque tu parles, tu ne peux pas dégainer un clip pour faire passer ton message. Tu es là, solo. Comme Han.
Donc, comment ferais-tu pour nous partager un souvenir, une anecdote, une situation ?
Grâce à l’art de la description.
Quand tu fais une description, tu n’es pas en train de dire ce dont tu parles, mais de nous le montrer comme si on le voyait de nos propres yeux.
C’est le principe rhétorique du “Montre, ne le dis pas".
Alors, comment faire une bonne description pour que ton public se dise : “Waouh ! On s’y croirait !?”
Et bien, une bonne description commence par un exercice d’imagination.
Tu dois te représenter mentalement la scène que tu souhaites décrire : qui sont les personnages qui étaient présents ? Qu’est-ce qu’il s’est passé ce jour-là ? Quels sont les détails qui t’ont marqué ?
Quand tu fais ça, tu es en train de produire une image dans ta tête qui n’est pas une photographie fidèle de la scène.
Tel un photographe pro qui choisit l’angle et la focale de son appareil, tu vas soigneusement attirer l’attention sur certains aspects de tes idées.
Les détails que tu vas mettre en avant vont avoir un vrai pouvoir.
En clair, la description est ton arme secrète. Mais pas n'importe laquelle : celle qui active les cinq sens et joue sur les souvenirs et expériences personnelles de ton audience.
Une bonne description, c'est comme peindre une toile vivante dans l'esprit de celui qui t'écoute.
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Pourquoi les émotions sont la clé d'une communication percutante ?
Les émotions ne servent pas juste à pleurer devant un film ou à rire d’une bonne blague. Elles sont la clé pour capter l’attention et marquer les esprits.
Alors pour t’aider à faire de belles photos, il y a 6 critères sur lesquels tu peux jouer.
6 critères pour bien cadrer les émotions que tu veux faire passer, pour rendre tes idées frappantes, pour éviter de rester trop vague ou trop neutre.
Ces 6 critères de cadrage nous viennent de Christian Plantin, un chercheur qui a travaillé sur les émotions dans le discours.

Critère 1 : La proximité
Nous sommes plus émus lorsque nous nous sentons concernés par un événement qui est proche de nous et de notre quotidien,
❌ Au lieu de dire : “Une femme a été arnaquée sur internet”
✅ Tu peux dire “Une nantaise a perdu toutes ses économies à cause d’un groupe d’arnaqueurs du web.”
Tu joues alors sur la proximité affective et géographique. Avec ce type de formulation, tu fais ressentir l’histoire à ton public.
Critère 2 : L'intensité
Nous sommes plus émus par ce que nous percevons comme grave ou intense, plutôt que par quelque chose d’anodin ou de neutre.
❌ Au lieu de dire : “On a travaillé longtemps sur ce dossier.” (ce qui semble assez banal).
✅ Tu peux dire : “On a enchaîné deux nuits blanches et on était sur les rotules tout le reste de la semaine pour finir ce dossier.”
Grâce à la mention du nombre de nuits blanches et des conséquences sur la santé, on se sent beaucoup plus impliqué. N’hésite pas à monter les curseurs émotionnels. Remplace les banalités par des détails marquants.
Critère 3 : La matérialité
Nous sommes plus émus par ce qui nous semble certain et précis plutôt que par quelque chose de vague ou de douteux.
❌ Au lieu de dire : “Un réchauffement climatique à +2° entraînerait des conséquences terribles.” (ce qui est très flou).
✅ Tu peux dire : “Un réchauffement climatique à +2° ferait disparaître Venise sous les eaux.”
C’est une conséquence bien concrète.
Critère 4 : L'identité
Nous sommes plus émus par les gens avec qui nous partageons des points communs comme l’âge, la profession ou le lieu de vie, ou par les gens que l’on connaît, même les célébrités.
C’est pour ça que la mort de Johnny Hallyday nous émeut plus que la mort de Johnny dans le 42.
❌ Au lieu de dire : “Les femmes sont payées 16% de moins que les hommes.” (c’est très général et peu incarné).
✅ Tu peux dire : “Marie, 35 ans, célibataire et maman d’un petit garçon de 3 ans, fait le même métier que son collègue Karim et pourtant elle gagne 200€ de moins que lui par mois.”
Critère 5 : L'agentivité
Nous sommes plus émus si nous avons la sensation que les choses dépendent de nous et qu’on peut agir dessus.
C’est la même chose si nous pouvons identifier des responsables à blâmer pour un drame ou à remercier pour quelque chose de positif.
❌ Au lieu de dire : “La vallée du Rhône a été inondée à cause d’une rupture de barrage.” (personne n’est responsable).
✅ Tu peux dire : “Malgré les alertes des associations locales et des experts depuis 10 ans, un barrage de l’entreprise de Pierre Quiroule vient de céder et la vallée du Rhône a été inondée.”
Critère 6 : La similarité
Nous sommes plus émus lorsqu’on nous rappelle le souvenir d’une situation qu’on a déjà connue et qui nous a fait vivre des émotions.
❌ Au lieu de dire : “Ce qu’il se passe avec le peuple Ouïghours est inhumain.” (ce qui n’est pas très ancré).
✅ Tu peux dire : “Ce qu’il se passe avec le peuple Ouïghours, c’est un combo morbide entre l’esclavagisme et les camps de concentration.”
Ces références historiques sont chargées en émotions.
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Ainsi, ta description doit être proche des gens à qui tu parles, intense, précise, avec des personnes incarnées, des responsables identifiés et des souvenirs mémorables.
Une bonne description commence dans ta tête et doit se terminer dans celle de ton public, pour qu’il visualise la scène et projette ses émotions dessus.
Tu peux lire aussi notre article sur Que doit-on retenir de ta prise de parole pour savoir quel message transmettre lors de ton discours.
Lorsque tu décris une situation, tout est une question de dosage :
- Tantôt, tu supprimes des détails insignifiants qui n’aident pas ton message et qui égarent ton public. Est-ce vraiment utile que tu nous présentes les 6 chambres, les 2 salles de bain et le sellier de ta maison de vacances à Pissy-Pôville ?
- Tantôt, tu ajoutes un - ou plus - des 6 critères pour rendre la scène plus visuelle et vivante.
Le choix des mots est un atout puissant pour transmettre des émotions, alors entraîne-toi à bien décrire pour mieux persuader.
Mais se posera toujours l’ultime question : utiliseras-tu les émotions pour amplifier ton argumentaire ou pour manipuler ton public ?
Pilule bleue ou pilule rouge.
C’est à toi de décider en ton âme et conscience Néo.

Conclusion
Transmettre des émotions avec tes mots, c’est tout un art. Ce n’est pas juste une question de technique, mais un véritable choix de connexion avec ton public.
Quand tu prends la parole, chaque mot, chaque description, chaque détail doit résonner dans le cœur et l’esprit de ceux qui t’écoutent.
Alors, souviens-toi des six critères :
- Proximité
- Intensité
- Matérialité
- Identité
- Agentivité
- Similarité
Ce sont tes outils pour transformer une simple histoire en une expérience mémorable.
Astuce bonus : la prochaine fois que tu prends la parole, teste une de ces techniques. Observe les réactions de ton public, ajuste ton discours, et n’hésite pas à ajouter une petite touche personnelle.
Parce qu’après tout, ce qui touche les émotions, c’est aussi ce qui nous rend humains.
Découvre nos formations en prise de parole et transforme tes discours dès aujourd'hui.
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Julien de Sousa, et toute l'équipe Panache.
Aller plus loin
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Imagine que tu es devant une salle remplie de gens. Ton objectif ? Les captiver. Mais si ton discours est juste rempli de chiffres et de faits, ils risquent de décrocher et, soyons honnêtes, de finir sur leur téléphone à regarder des mèmes de chats.
Les émotions, c’est l’essence même d’une communication mémorable. Elles permettent à ton audience de se sentir concernée, de s’identifier, de vivre ce que tu racontes. C’est par les émotions que tu fais battre les cœurs plus vite, que tu fais couler les larmes ou éclater les rires. Et surtout, ce sont elles qui motivent l’action : un sourire peut convaincre, une larme peut mobiliser.
Alors, la prochaine fois que tu prends la parole, souviens-toi : ce n’est pas qu’un discours, c’est une expérience émotionnelle que tu offres.
Pour rendre un discours vibrant, imagine-toi comme un chef d’orchestre des émotions. Tu as à ta disposition des outils puissants :
- Les anecdotes personnelles : rien ne touche plus qu’une histoire vraie, vécue, authentique. Exemple : "Quand j’étais enfant, mon père me répétait toujours que l’échec était une étape, pas une fin. Je m’en suis souvenu le jour où j’ai échoué pour la première fois."
- Les détails sensoriels : utilise les cinq sens pour transporter ton public dans ton histoire. Par exemple, ne dis pas : "J’étais stressé." Dis : "Mes mains tremblaient, ma gorge était sèche et chaque battement de mon cœur résonnait comme un tambour dans ma poitrine." Là, on est avec toi.
- Les pauses dramatiques : parfois, un silence bien placé parle plus fort que mille mots. Fais durer l’émotion, laisse-la infuser dans la salle.
- L’humour subtil : rien ne désamorce mieux une tension ou ne capte plus efficacement l’attention qu’une touche d’humour. Mais attention, reste naturel : pas besoin de devenir un humoriste si ce n’est pas ton style.
- Le langage corporel : tes gestes, ton regard, ta posture : tout peut amplifier l’émotion que tu veux transmettre. Une simple main posée sur ton cœur peut en dire long.
Non, bien sûr. Un discours sans émotion est fade, mais un discours saturé d’émotions peut devenir étouffant. C’est comme une pizza : trop de fromage, et tout le reste disparaît sous une couche indigeste.
Mélange les moments émotionnels avec des faits concrets, des idées rationnelles. Par exemple, après une histoire poignante, enchaîne avec un argument logique pour équilibrer. Ton public doit ressentir l’émotion, mais aussi réfléchir et comprendre.
Les émotions sont des outils puissants, mais à manier avec soin. Voici quelques exemples et comment les exploiter :
- L’espoir : inspire ton audience avec une vision positive. "Imagine un futur où chaque voix compte, où chaque action a un impact réel."
- La peur (raisonnée) : éveille un sentiment d’urgence. "Si nous ne faisons rien aujourd’hui, nous risquons de perdre bien plus que du temps."
- La colère constructive : canalise une frustration commune pour motiver. "Comment peut-on encore accepter que tant de talents soient ignorés simplement à cause de préjugés ?"
- La joie : célèbre une réussite. "Souviens-toi de ce moment où tu as réussi quelque chose que tu croyais impossible. Cette fierté, cette euphorie : c’est ce que nous devons viser."