Introduction
Tu es paisiblement installé à un repas de famille, une discussion anodine sur la météo s’engage, et soudain… BOUM !
Ton oncle Dominique lâche un tonitruant : « De toute façon, le climat a toujours changé, arrêtez avec votre propagande ! »
Te voilà pris au piège.
Si tu t’es déjà retrouvé face à l'un d'eux, tu sais que la prise de parole peut vite tourner au débat houleux, voire à la tempête tropicale (ironie du sort, n'est-ce pas ?).
L’écologie a besoin de leaders qui osent prendre la parole. Personne ne rêve de vacances dans un océan de plastique ou une ville en flammes.
Débattre avec une personne climato-sceptique, c'est un peu comme essayer de convaincre un fan de football que son équipe préférée est nulle.
Ça touche à l’émotionnel, à l’identité, et surtout... à l’ego.
Le problème n’est pas que ton interlocuteur n’a jamais entendu parler du réchauffement climatique (même la météo en parle).
Le vrai problème, c’est qu’il est convaincu que :
- Les scientifiques sont corrompus.
- C’est un complot des gouvernements pour nous contrôler.
- La Terre a toujours connu des changements climatiques, alors pourquoi paniquer ?
À ce moment précis, tu as trois options :
- Fuir sous prétexte d’un besoin pressant d'aller nourrir le chat (même si tu n’en a pas).
- Répliquer comme un bélier en bombardant Dominique de chiffres et de graphiques, ce qui aura pour seul effet d’ancrer davantage ses croyances.
- Utiliser la méthode ARC (Audience, Résonance, Conviction) et devenir le ninja de la rhétorique qui fera douter Dominique (sans qu’il ne s’en rende compte).
Si tu es ici, c’est que la troisième option t’intrigue. Alors, attache ta ceinture upcyclée, voici comment débattre avec un climato-sceptique sans perdre la face ni votre foi en l’humanité.

Ce sont nos climato-septiques.
Audience : Qui est mon public ?
Avant de foncer tête baissée, il est crucial de comprendre à qui tu as affaire.
Tous les climato-sceptiques ne se ressemblent pas, et savoir à quel type de sceptique tu parles t’évitera de discuter avec un mur.
Quel est le profil de la personne en face de moi ?
Avant de lui lancer ton verre d'eau à la figure (ce serait du gaspillage), prends le temps d'analyser son profil.
🔷 Le sceptique rationnel (rare, mais possible) : il doute sincèrement et veut des preuves solides. Avec lui, des faits bien amenés et des sources fiables peuvent faire mouche.
🔷 Le libertarien méfiant : il rejette tout ce qui ressemble à une imposition de l’État (« On veut juste nous contrôler ! »). Pour lui, l’écologie est une atteinte à sa liberté.
🔷 Le nostalgique du « c’était mieux avant » : pour lui, tout est une machination des élites, et avant, il faisait déjà chaud en été (« Dans les années 70, on parlait déjà de refroidissement ! »).
🔷 Le troll professionnel : il débat pour le plaisir de débattre (ou de te faire enrager). Avec lui, fuis !
Avant d'entamer le débat, poses des questions anodines pour cerner la personne.
"Tiens, Dominique, tu as changé de voiture récemment ?"
Cela te donne des indices sur sa sensibilité écologique.
Pourquoi tient-il des propos climatosceptiques ?
Derrière chaque conviction, se cache une histoire.
Quelqu’un qui refuse d’admettre la crise climatique peut avoir grandi avec un discours climato-sceptique, avoir peur de perdre son emploi dans une industrie polluante, ou simplement ne pas vouloir changer son mode de vie.
Il faut ainsi découvrir les raisons de ces propos pour permettre de comprendre ces motivations :
- Peur du changement : "Si le climat change, ma vie va être bouleversée !"
- Méfiance envers les scientifiques : "Ils nous ont déjà menti sur le tabac/l'amiante/etc."
- Intérêts économiques : "Si on arrête le pétrole, je perds mon emploi !"
- Déni par confort : "Je ne veux pas changer mes habitudes, donc le problème n'existe pas."
Écoute attentivement les arguments de ton interlocuteur. S'il dit "De toute façon, c'est la Chine qui pollue le plus", vous savez qu'il cherche à déplacer la responsabilité.
Qu’est-ce qu’il a vécu dans sa vie ?
Le vécu personnel influence grandement nos opinions.
Ton oncle Dominique qui a grandi dans une région minière aura peut-être du mal à concevoir un monde sans charbon.
- A-t-il connu des périodes de prospérité liées à l'industrie fossile ?
- A-t-il vécu des événements climatiques extrêmes ?
- Quelle a été son exposition aux médias et à l'information scientifique ?
Utilise des anecdotes personnelles pour créer un lien. "Tu te souviens, oncle Dominique, quand on allait à la plage étant petits ? Elle a reculé de 10 mètres depuis !"
À quelle vision du monde est-il attaché ?
Certains climato-sceptiques voient l'écologie comme une entrave à leur liberté. D'autres pensent que la nature s'auto-régule et que l'humain est trop insignifiant pour avoir un impact.
Un climato-sceptique ne se méfie pas uniquement des scientifiques.
Il se méfie aussi de ce que cela implique pour lui : restrictions, taxes, changements de comportement.
Lui dire « il faut arrêter de prendre l’avion et manger moins de viande », c’est comme lui annoncer qu’il doit abandonner son barbecue et son road trip annuel.
Pas étonnant qu’il résiste.
Dans ce cas-là, adapte ton discours à sa vision du monde, à ton public, à ton Dominique.
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Résonance : Qu’est-ce qui le préoccupe ?
Maintenant que tu as cerné ton public, il est temps de comprendre ce qui fait vibrer ses cordes sensibles.
L’objectif est d’ancrer la discussion dans son réel.
Ici, on met en application deux principes psychologiques essentiels pour éviter de braquer ton interlocuteur :
Le principe psychologique de proximité
Les gens sont plus touchés par ce qui leur semble proche et concret plutôt qu’un événement lointain ou abstrait.
Pour cela, prépare une liste d'exemples locaux et personnels liés au changement climatique comme :
- “Tu as remarqué que les vendanges commencent deux semaines plus tôt qu'il y a 30 ans ?”
- "Les allergies au pollen de ton fils ont empiré, non ? C'est lié au changement climatique."
- "Tu te plains de la canicule chaque été, c'est justement ça le réchauffement !"
- “Tu te souviens de la sécheresse de l'été 2018 ? Elle a causé 40% de perte de récolte en céréales et 20% de perte de rendement en légumes”
C’est concret. C’est proche de lui. Ça le touche directement.
Comprendre ce qui préoccupe ton interlocuteur climato-sceptique est essentiel pour établir une communication efficace.
Le principe psychologique de réactance
Attention aux mots qui bloquent !
Dire "il faut sauver la planète" peut déclencher une réaction de rejet chez quelqu'un qui craint les "délires d'écolo-bobos".
Solution ? Reformule tes arguments sous forme de questions :
- "Et si on pouvait faire des économies en consommant différemment ?”
- "Comment pourrait-on rendre notre quotidien plus agréable et moins pollué ?".
Remplace "urgence climatique" par "défi climatique"
Au lieu de "transition écologique", utilise "adaptation aux changements".
Ainsi, tu le pousses à réfléchir par lui-même au lieu de lui asséner une vérité qu’il rejettera par principe.
Le principe de réactance d’un climatosceptique ne s’arrête pas là.
Pour lui, il y a aussi des enjeux économiques :
- “Le bio, c'est trop cher”
- “L’anti-gaspi, c’est quoi ça, c’est pas bon pour notre santé”
À la place, tu peux parler des avantages ou des progrès qui ont été faits comme :
- "Savais-tu que le secteur des énergies renouvelables crée de nombreux emplois ?"
- "Entre 2010 et 2020, le prix des denrées de base comme le riz, le maïs et le blé a doublé, et la moitié de cette hausse serait due aux changements climatiques."
- “L’anti gaspi, ça aide à la fois ton porte-monnaie mais aussi réduit considérablement le gaspillage alimentaire, win to win”
En utilisant ces approches, tu augmentes tes chances de créer une résonance avec les préoccupations de ton interlocuteur, ouvrant ainsi la voie à un dialogue plus constructif sur le changement climatique.
À lire sur le même sujet : Les climatosceptiques, qui sont-ils et pourquoi il y en a de plus en plus.
Conviction : qu’est-ce que je peux mettre en place dans mon discours ?
Maintenant que tu as évité de le braquer, comment donner envie à ton interlocuteur de t’écouter ?
C'est le moment d'utiliser les outils rhétoriques qui vont faire mouche.
Entre répartie, storytelling et arguments, it’s time to speak !
Pose des questions plutôt que faire des affirmations
Les affirmations directes provoquent souvent un effet "mur de briques".
Exemple :
- "Le changement climatique est causé par l'homme !" ❌ Blocage immédiat
- "Comment expliques-tu l'augmentation record des températures ces dernières années ?" ✅ Il devra réfléchir
Il se retrouve dans une impasse cognitive et, au fil de la discussion, il pourra lui-même s’approcher de votre point de vue.
Au lieu d’affirmer brutalement une vérité, il est souvent plus efficace de poser une question qui amène l’autre à réfléchir par lui-même.
❌ À éviter :
- "Tu dis n’importe quoi, tu es complètement à côté de la plaque !"
- "Franchement, tu crois encore à ces théories ?"
✅ À faire :
- "Pourquoi tu penses que les scientifiques exagèrent ?"
- "Si ce n’est pas l’homme qui cause le réchauffement, comment tu expliques que la hausse des températures suit exactement celle des émissions de CO₂ ?"
Ne pas culpabiliser ou jouer sur la peur
❌ À éviter :
- "Si tu continues comme ça, tu détruis la planète !
- "C’est de ta faute si on en est là !"
✅ À faire :
- "Je comprends qu’on ne puisse pas tout changer du jour au lendemain, mais tu sais que d’ici 2050, certaines villes côtières risquent de disparaître sous l’eau ?"
- "Je ne veux pas être alarmiste, mais tu imagines expliquer à tes enfants que c’était possible d’agir, et qu’on ne l’a pas fait ?"
L’objectif n’est pas de le faire culpabiliser (« Tu détruis la planète ! »), mais de lui montrer des bénéfices concrets et positifs.
Pour chaque argument "négatif" que tu as l'habitude d'utiliser, trouve une formulation positive et orientée solution.
Utilise le storytelling
Les chiffres, c’est bien, mais ça ne marque pas les esprits. Une histoire oui.
❌ « 97% des scientifiques s’accordent sur le réchauffement climatique. »
✅ « Il y a 20 ans, des chercheurs tiraient la sonnette d’alarme. On ne les a pas écoutés. Aujourd’hui, même les agriculteurs voient leurs champs brûler sous la chaleur… »
Un bon récit vaut mieux qu’un tableau Excel.
On a crée un article sur Comment utiliser le storytelling en prise de parole pour argumenter ce qu'on avance ici.
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Exemple concret
Audience : Tu identifies que Dominique est préoccupé par l'économie et son pouvoir d'achat.
Résonance : Plutôt que de parler de glaciers qui fondent, tu fais le lien avec ses dépenses : “T'as vu le prix de l'essence ces derniers temps ? Ça devient un vrai budget !”
Conviction : Tu lui poses une question qui l'amène à réfléchir : “Tu sais que passer à une voiture hybride pourrait te faire économiser plusieurs centaines d'euros par an ? Même les grandes entreprises investissent là-dedans pour réduire leurs coûts.”
Ainsi, tu éveilles son intérêt sans confrontation et l'amènes à voir un avantage personnel au changement.
Conclusion
Convaincre un climato-sceptique, c’est un peu comme cuisiner un plat raffiné : il faut les bons ingrédients et un bon timing.
Ne force pas dans le tas :
analyse ton interlocuteur (Audience).
Ne lui balance pas des chiffres en rafales : montre-lui ce qui le touche (Résonance).
Ne cherche pas à gagner, mais à éveiller sa curiosité : guide-le avec des questions et du storytelling (Conviction).
N’oublie pas qu’un discours impactant c’est moins de chiffres, plus de récits qui parlent à tous. En 2025, utilise la rhétorique verte pour faire bouger les choses.
Avec cette approche, tu ne retournera peut-être pas Dominique en une soirée, mais tu sèmeras une graine. Et dans le débat sur le climat, c’est déjà une victoire.
Inspire, engage, et crée un vrai changement.
Et Chiche dans tout ça ?
Dans la vie, il y a deux catégories d'individus.. .Il y a celles et ceux qui regardent le monde tel qu'il est et se demandent pourquoi. Et celles et ceux qui imaginent le monde tel qu'il devrait être et qui se disent : pourquoi pas ?
Chiche est fait pour ces gens-là.
Dans un monde qui tangue, Chiche est le média qui redonne l’espoir et les rames pour rester à bord. Premier média du passage à l’action, il forme aux enjeux environnementaux et sociaux, montre que d’autres mondes sont possibles et, surtout, donne des pistes concrètes pour se lever et passer à l’action.
Debout ! Avec Chiche, c’est vous qui refaites le monde.
Article co-rédigé avec Chiche.
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Julien de Sousa, fondateur de Panache.
Aller plus loin
Voici les réponses aux questions qui nous reviennent le plus. Si tu en as d'autres, entre en contact avec nous pour en savoir encore plus.
Comment répondre aux théories du complot sur le climat ?
À un moment ou un autre, tu risques d’entendre le fameux : "Tout ça, c’est orchestré par les élites".
Traduction : les gouvernements, les scientifiques, les ONG, seraient tous complices d’un vaste complot visant à nous faire croire au changement climatique.
👉 Problème : Si tu réponds "C’est n’importe quoi !", tu renforces la croyance de ton interlocuteur. Dans son esprit, toute contradiction devient une preuve que tu fais "partie du système" ou que "tu gobes la propagande officielle". Bref, mur frontal = échec assuré.
👉 Meilleure approche : Laisser ton interlocuteur se piéger dans ses propres contradictions en posant des questions ouvertes :
- "Tu penses que des milliers de scientifiques truquent leurs recherches et qu’aucun n’a jamais dénoncé ça ?"
- "Si c’était un complot, pourquoi les lobbies pétroliers, qui ont des milliards en jeu, n’ont-ils jamais réussi à prouver que le climat ne change pas ?"
Petit à petit, ça l’amène à réfléchir sans qu’il se sente attaqué.
Si la personne est encore ouverte au débat, rappelle-lui que la science, ce n’est pas une question d’opinion, mais de méthode.
Une étude sérieuse passe par des revues à comité de lecture, où d’autres experts cherchent la moindre faille.
L’idée, ce n’est pas forcément de le convaincre sur le moment, mais de lui laisser un doute. Et parfois, un simple doute peut suffire à faire évoluer une croyance. 😉
Pourquoi continuer à débattre, même si ça semble inutile ?
Je te l’accorde, débattre avec un climato-sceptique peut être éprouvant. À force de tourner en rond, on a parfois envie de lever les mains au ciel et de lâcher : "Écoute, crois ce que tu veux, moi j’abandonne."
Erreur. Parce que dans un débat, tu ne t’adresses jamais à une seule personne.
1. Ton véritable public n’est pas toujours celui que tu crois
Quand tu débats, il y a souvent d’autres oreilles qui traînent : des amis, des collègues, des inconnus dans un fil de discussion sur les réseaux sociaux… Ce sont eux qui comptent.
Ton interlocuteur direct est peut-être imperméable à tes arguments, mais ceux qui écoutent peuvent être en réflexion, hésitants, ou simplement curieux. Et eux, ils peuvent changer d’avis.
2. Un changement d’opinion ne se fait pas en un claquement de doigts
Un débat, c’est rarement un coup de foudre intellectuel. Mais une graine semée aujourd’hui peut germer demain. Une remarque bien placée, une question qui fait mouche, un doute subtil, et ton interlocuteur peut finir par revoir sa position dans quelques semaines, mois… ou années.
3. Laisser un argument fallacieux sans réponse, c’est reculer
Si personne ne répond aux idées fausses, elles finissent par paraître légitimes. Un mensonge répété sans opposition devient une vérité pour ceux qui l’entendent. C’est comme une scène de théâtre : si tu laisses ton adversaire seul sous les projecteurs, son discours s’impose par défaut.
Comment éviter le débat conflictuel ?
Ah, le débat qui dégénère… Au début, tout allait bien, et en moins de cinq minutes, c’est devenu une arène où chacun brandit ses arguments comme des épées et finit par s’énerver.
Résultat ? Plus personne n’écoute, tout le monde campe sur ses positions et toi, tu te demandes pourquoi tu t’es lancé là-dedans.
Pour éviter que ça parte en vrille, voici quelques techniques de pro :
1. Reste calme, même si l’autre s’emballe.
Si ton interlocuteur s’énerve, ne rentre pas dans son jeu. Parle posément, respire, et rappelle que l’objectif, c’est d’échanger, pas de s’écharper. L’émotion est contagieuse : si tu restes serein, il finira par redescendre aussi.
2. Pose des questions plutôt que d’affirmer.
Au lieu d’un frontal "Tu te trompes complètement !", essaie un "Tu peux m’expliquer pourquoi tu penses ça ?". Ça le pousse à réfléchir et évite le clash direct.
3. Utilise l’humour pour désamorcer.
Un brin d’autodérision ou une petite blague bien placée peuvent détendre l’atmosphère et éviter que la discussion tourne à la bataille rangée. (Mais sans sarcasme, sinon, c’est contre-productif !)
4. Savoir quand lâcher l’affaire.
Si ton interlocuteur est fermé au dialogue et que ça devient stérile, mieux vaut stopper proprement avec un "On ne tombera pas d’accord aujourd’hui, mais on pourra en reparler.". Parfois, le vrai talent, c’est de savoir quand arrêter.
👉 En bref ? Garde ton calme, pose des questions, glisse une touche d’humour et surtout, ne te bats pas contre un mur. Un bon débat, c’est un échange, pas un combat.
Pourquoi le rapport du GIEC est-il la meilleure réponse face à un climato-sceptique ?
Les rapports du GIEC (Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat) constituent une source fiable et exhaustive de données sur le réchauffement climatique.
Ces rapports démontrent que l'influence humaine a réchauffé l'atmosphère, l'océan et les terres. Souligner que les membres du GIEC travaillent bénévolement, sans lien financier avec les États, renforce la crédibilité de leurs conclusions.