Leadership

Comment annoncer une stratégie impopulaire sans perdre tes équipes ?

Modifié le
26
May 2025
par
Julien de Sousa
Le parrain sur le sujet du leadership et de la prise de parole en public lors d'une stratégie impopulaire Panache

Introduction

Tu es dirigeant, membre d’un COMEX, ou pilote d’une transformation stratégique.

Et tu fais face à une mission délicate : annoncer une stratégie impopulaire.

Du genre : interdiction de porter le t-shirt d’un groupe si on connait pas au moins 3 de ses morceaux.

Non plus sérieusement :

Réduction de coûts, fermeture de sites, recentrage douloureux, fusion délicate…

Bref, des décisions qui, même justifiées, ne font pas sauter les équipes au plafond.

Moins fun hein ?

Une stratégie impopulaire, mal annoncée, peut faire plus de dégâts que la stratégie elle-même.

Chez Panache, on accompagne des dirigeants, des COMEX, des leaders inspirants, ou en devenir, à dire ce que personne ne veut entendre.

Parfois pour dire des choses positives, parfois pour en dire des négatives.

Et ce qu’on a appris, en formant plus de 300 leaders, c’est qu’il ne suffit pas d’avoir raison pour convaincre : il faut savoir incarner, expliquer, et faire vivre tes idées.

Parce que ce n’est pas tout d’annoncer le cap : encore faut-il embarquer tout le monde à bord.

Et éviter que le mousse saute à la mer dès la première phrase.

J’y connais rien en bateau mais je pense que le mousse est important.

(J’ai vérifié, il l’est pas mais on l’aime quand même).

Voici donc notre méthode pour présenter une stratégie impopulaire sans saborder l’adhésion.

Les fondations d’une prise de parole stratégique

Avant même de prononcer un mot, tu dois savoir pourquoi tu prends la parole. Une prise de parole stratégique ne s’improvise pas. Elle se pense, se prépare, se structure.

Ce premier pas est crucial : c’est lui qui déterminera si tu es écouté… ou simplement toléré.

1- Clarifie ton intention

L’intention, c’est le moteur caché de ta prise de parole.
Elle influence tout : ton ton, tes mots, ton énergie.
Si tu n’es pas clair sur ce que tu attends, tes équipes ne le seront pas non plus.

Définir une intention claire, c’est poser le cap émotionnel de ton discours.

Demande-toi : qu’attends-tu de ce moment ?

  • Tu veux informer ?
  • Rassurer ?
  • Mobiliser ?
  • Les trois ?

Parfait. Mais dis-le clairement.

Exemple : « Je veux que mon équipe comprenne pourquoi cette décision de changer la stratégie interne est prise, qu’elle se sente écoutée et qu’elle ait envie d’agir. »

2- Travaille ton message central

En situation de tension, le cerveau humain retient très peu de choses.
Ton message central, c’est ton point d’ancrage, ton slogan stratégique, celui qu’on retiendra autour de la machine à café… ou sur Slack.

Il doit tenir en une seule phrase. Une punchline stratégique.
Claire, mémorable, mobilisante.

Exemple 1 : « Ce que nous faisons aujourd’hui, c’est préserver notre liberté d’action demain. »
Exemple 2 : « Cette réorganisation est difficile. Mais elle est le prix de notre indépendance. »

3- Adopte une posture d’autorité calme

La posture, le ton, le regard parlent souvent plus fort que tes mots.
Pour qu’une parole soit crédible, elle doit être incarnée.
Il ne suffit pas de dire « on tient la barre » : encore faut-il que ton attitude inspire confiance.

Travailler ton non-verbal c’est montrer que tu assumes, et donc que l’on peut te suivre.

Pour aller plus loin sur le sujet, voici un article qui pourrait t’intéresser : Comment utiliser ta gestuelle pour renforcer ton discours

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Structurer ton discours

C’est le moment décisif.

Celui où tous les regards sont tournés vers toi, et où chaque mot comptera.

Pour que ton annonce soit entendue et comprise, elle doit suivre une structure solide, simple à suivre, mais riche de sens.

Elle doit être pensée pour embarquer émotionnellement, rationnellement et stratégiquement.

Pourquoi est-ce si important de structurer ton discours ?

Parce qu’un message stratégique mal articulé devient une rumeur interne.
Une décision claire, mal exprimée, devient un champ d’interprétations.
Structurer ton discours, c’est garantir l’intelligibilité, l’impact et l’alignement.


Alors, laisse-nous te présenter la structure en U : Une courbe engageante, qui commence par l’émotion, passe par l’analyse… et s’élève vers la vision.

Elle se décompose en 7 étapes clés :

  1. Accroche

« Depuis 12 mois, ton équipe a absorbé l’imprévu, géré les urgences, et maintenu la qualité malgré les vents contraires. Ce que vous avez accompli est remarquable. »

Commence par eux, pas par toi. Valorise, reconnais, touche juste.

  1. Problème

« Mais malgré cette mobilisation, notre division historique est en net recul. Chaque mois, les pertes s’accumulent. Et plus on attend, plus l’impact sera dur. »

Pose le cadre. Décris la réalité telle qu’elle est. C’est le point de bascule.

  1. Diagnostic

« Cette situation ne vient pas d’un échec d’équipe. Elle est le résultat d’une transformation profonde de notre secteur. Nos clients évoluent. Nos offres n’y répondent plus assez vite. Et notre modèle actuel coûte trop cher à maintenir. »

Montre que ta décision est le fruit d’une analyse lucide, pas d’un caprice de direction.

  1. Solution

« Nous allons regrouper nos activités sur deux sites. Réallouer les ressources. Et investir massivement dans la digitalisation. Ce choix, on l’a validé avec des experts sectoriels. Des entreprises comparables ont vu leurs indicateurs s’améliorer en moins de six mois après une transition similaire. »

Présente la stratégie. Mais surtout, ancre-la dans du concret : preuves, données, témoignages.

  1. Désir (Vision / Why)

« On fait ce choix pour se redonner une marge de manœuvre. Pour pouvoir investir, innover, et retrouver notre leadership sur notre cœur de métier. Ce plan est une contrainte de court terme au service d’une ambition de long terme : rester une entreprise indépendante, ambitieuse, et capable d’attirer les meilleurs talents. »

C’est ici que tu élèves ton discours. Tu ne vends pas un plan, tu projettes un futur.

  1. Appel à l’action

« Dès demain, vous aurez accès à une plateforme de questions-réponses. Vos managers seront formés à accompagner les équipes dans les prochaines étapes. Et je vous invite personnellement à me faire remonter toutes les interrogations de terrain, via notre canal direct. »

Pas de stratégie sans plan d’action. Donne de la visibilité sur les prochaines étapes.

  1. Punchline (bonus)

« Ce plan, c’est notre manière de rester fidèles à ce qui nous a toujours portés : l’exigence, l’agilité, et la confiance que nous avons en vous. »

Termine fort. Une phrase qui s’imprime dans les esprits.

Tu peux télécharger notre modèle pour que tu puisses t’en servir lors de tes prochaines prises de parole importantes.

Structure en U parle avec Panache

Pour comprendre à quoi corresponds Pathos, Logos et Ethos, je te laisse lire cet article qui va tout t’expliquer : Le triangle d’Aristote pour faire adhérer tes idées

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Les erreurs à éviter qui plombent ton leadership

Il ne suffit pas d’avoir un bon fond. Encore faut-il soigner la forme. Et dans les annonces sensibles, certaines erreurs, même involontaires, peuvent briser la confiance, créer de la distance, voire susciter du rejet.

Un seul faux pas dans ta communication peut invalider le fond le plus rationnel.

Ici, on t’aide à désamorcer les pièges classiques, ceux qui coûtent cher à l’adhésion, à ta crédibilité, et parfois… à la performance globale.

Le choc sans explication

« La décision est prise. Merci. »

Trop souvent, l’annonce est brutale, froide, hors contexte.

Résultat : sidération, colère, défiance.
Sans récit, ton équipe remplit les blancs avec ses peurs.
Et ça, c’est tout sauf stratégique.

L’aseptisation émotionnelle

« Tout va bien se passer, c’est une opportunité incroyable ! »

Mauvais timing. Même si tu crois dur comme fer à ta stratégie, nier la difficulté émotionnelle, c’est nier l’humain. Et c’est contre-productif.
Reconnais d’abord l’émotion. Ensuite, tu pourras la canaliser.

L’annonce déléguée

« La direction annonce, le middle management exécute.»

Erreur de casting. Si tu portes la décision, tu dois aussi porter la parole.
Ce n’est pas au DRH ou au manager de proximité d’incarner un choix que toi seul as validé.
Tes collaborateurs attendent que tu t’exposes. Et ils ont raison.

Le PowerPoint-mur de chiffres

La tentation du tout-rationnel peut tuer l’adhésion.
Une stratégie ne se défend pas uniquement avec 27 slides et 4 graphiques en barres.
Préfère une parole incarnée à un excès de données. On suit une vision, pas un tableur.

Tu peux en apprendre davantage en lisant cet article sur Que doit-on retenir de ta prise de parole ?

Conclusion

Présenter une stratégie impopulaire, c’est comme naviguer dans une mer agitée.

Il ne suffit pas d’avoir une bonne carte.

Il faut tenir la barre, parler juste, regarder l’équipage dans les yeux, et avancer.

Ta parole est attendue. Mais pas n’importe laquelle : celle qui inspire sans illusion, celle qui explique sans condescendance, celle qui ose nommer les choix et les responsabilités.

Parce qu’au fond, diriger, ce n’est pas convaincre tout le monde.

C’est réussir à mobiliser malgré les doutes, fédérer malgré les frottements, et embarquer dans l’inconfort.

Découvre nos formations en prise de parole et transforme l’éloquence de tes équipes.

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Julien de Sousa et toute l'équipe Panache.

Aller plus loin

Voici les réponses aux questions qui nous reviennent le plus. Si tu en as d'autres, entre en contact avec nous pour en savoir encore plus.

Quels sont les risques d’une annonce mal préparée ?

Un message mal préparé, c’est comme envoyer un navire sans gouvernail : ça tangue, ça inquiète, et surtout… ça dérive vite.

Les risques principaux :

  1. Perte de contrôle du récit
    Si tu n’es pas clair, les équipes inventent leur propre version. Ce qu’on ne comprend pas, on le remplit avec ses peurs, ses suppositions, ses résistances. Et là, c’est la rumeur qui dirige — pas toi.

  2. Crise de confiance
    Une annonce confuse ou bancale laisse une trace : « S’il n’est pas clair maintenant, comment va-t-il gérer le reste ? » Tu peux perdre en 10 minutes la crédibilité que tu as mis 10 ans à construire.
  3. Climat émotionnel dégradé
    Le flou, l’imprécision ou la brutalité génèrent des émotions fortes : colère, repli, défiance. Et ensuite… bon courage pour remobiliser.

Comment faire pour les éviter ? Comme nous l’avons vu, une structure claire (structure en U), une intention posée, un message central fort, et une posture alignée sont essentiels.

La préparation, c’est la sécurité psychologique de ton auditoire.

Quelle posture adopter face à des collaborateurs déstabilisés ?

Dans ces moments, ta posture parle plus fort que ton PowerPoint. Et non, on ne te demande pas d’avoir réponse à tout. On te demande d’être là. Présent. Stable.

La posture Panache, c’est :

  • Calme sans distance
    Tu ne surjoues pas l’assurance. Tu montres que tu tiens le cadre, même si c’est inconfortable.

  • Fermeté + humanité
    Tu peux dire « la décision est ferme » et dans le même souffle « je sais que c’est difficile, et je suis là pour en parler ». Ce n’est pas contradictoire, c’est mature.

  • Écoute active, sans basculer dans la justification
    Un collaborateur exprime sa colère ? Tu accueilles, tu reformules, tu restes debout. Tu n’as pas à te justifier, mais à expliquer.

Comment préparer une prise de parole qui va bousculer ?

Comme une cascade : en amont, en profondeur, et avec méthode.

Checklist Panache pour une prise de parole à fort impact :

  • Intention claire : que veux-tu que ton auditoire comprenne, ressente, retienne ?
  • Message central : une phrase, pas une dissertation. C’est ton socle.
  • Structure en U : une narration complète qui prend l’auditoire par la main.
  • Scénarisation émotionnelle : où seront les pics ? Les silences ? Les pivots ?
  • Posture et voix travaillées : pas d’impro là-dessus. Ton corps parle.

Comment accompagner les émotions collectives face à une décision impopulaire ?

Nous allons te donner 6 conseils pour au mieux accompagner tes équipes dans cette décision : :

1. Anticipe ce que l’annonce va toucher

Une décision impopulaire heurte des symboles, des repères, des identités professionnelles.
Cartographie les impacts émotionnels avant même de parler et pose-toi : qu’est-ce qui est mis en jeu pour eux ?

2. Prépare tes appuis, pas tes justifications

Tu ne peux pas improviser au milieu de la tempête. Prépare trois piliers :

  • Ce que tu rediras avec fermeté : la décision est prise.
  • Ce que tu es prêt à ajuster : les modalités, le terrain.
  • Ce que tu assumes : les pertes, les tensions, l’inconfort.

3. Briefe les relais : les managers en première ligne

Un manager sans préparation, c’est un thermomètre sans pile.
Équipe-les d’un kit clair : éléments de langage, canaux d’écoute, relais d’alerte.
Ils doivent savoir quoi dire, quoi taire, et à qui faire remonter les signaux faibles.

4. Nommer, c’est déjà apaiser

Dans ta prise de parole, dis ce qui est là :
« Je sais que cette décision peut créer de la colère, de la peur, de l’incompréhension. »
En nommant les émotions, tu légitimes sans dramatiser. Tu crées un espace pour respirer.

5. Ouvre des espaces d’expression cadrés

Groupes de parole, canaux anonymes, temps d’échange : ce n’est pas du bonus RH, c’est de la gouvernance responsable.
Mais attention : un défouloir sans cadre peut faire plus de dégâts qu’un silence gêné. Oriente la parole vers la compréhension, pas la plainte.

6. Sois cohérent dans l’action

Après l’annonce, chaque geste compte.
Si tes actes contredisent tes mots, tu ne fais pas de la communication — tu joues du théâtre.
Fais en sorte que tout, dans ton comportement et dans les décisions qui suivent, montre que tu prends au sérieux ce que les gens vivent.

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